Sortie jeudi dans les salles tchèques du premier film de Václav Havel

Václav Havel, photo: CTK

L’événement cinéma cette semaine en République tchèque, c’est la sortie de Odcházení (Sur le départ), le premier film de l’ancien président de la République Václav Havel. Il s'agit de l’adaptation pour le grand écran de sa dernière pièce de théâtre, qui raconte l’histoire d’un chancelier qui doit quitter le pouvoir et voit son monde s’écrouler.

Václav Havel,  photo: CTK
Un lieu symbolique pour les premières projections du film de Václav Havel à Prague: le cinéma Lucerna, construit par son grand-père il y a un siècle. Václav Havel a été habitué depuis l’enfance aux plateaux de tournage, mais cette fois-ci c’était la première fois en tant que réalisateur :

Václav Havel: « C’est une expérience assez étrange et intéressante que j’ai espérée avoir pendant très longtemps. Je viens d’une famille de cinéastes. Mon oncle a fondé la cinématographie tchèque et fait construire les studios Barrandov à Prague. J’ai passé mon enfance dans le milieu du film et c’est peut-être l’une des raisons qui m’ont poussé à vouloir devenir réalisateur. »

« L’atmosphère des années 1950 et même 1960 ne m’a pas permis d’être accepté à la FAMU, sans laquelle il était exclu de travailler dans le cinéma. Donc j’arrive dans le cinéma déjà vieux, à la fin de ma carrière. Et comme je suis un débutant, je me suis entouré de vrais professionnels, à commencer par le cameraman Maliř, le producteur Bouček et d’autres. »

'Odcházení' | Photo: Czech Film Center
Le film est une adaptation très fidèle de la pièce que Václav Havel a publié en 2007, quatre ans après la fin de son dernier mandat présidentiel et le retour à son premier métier, celui de dramaturge. Le thème reste très politique, avec des anecdotes qui semblent autobiographiques.

Le personnage principal, le chancelier en partance pour la retraite, est un humaniste assez dépité par les arrivistes corrompus qui vont lui succéder au pouvoir. Sa compagne est interprétée par l’actrice Dagmar Havlová, l’épouse de Václav Havel.

Dagmar Havlová et Václav Havel,  photo: CTK
Dagmar Havlová: « En ce qui concerne la réalisation en tant que telle, je pense que c’est un beau film. Il s’est très vite adapté et je pense que son deuxième ou troisième film sera vraiment très bien… »

L’accueil de la critique a été plutôt froid, même si beaucoup ont montré une certaine indulgence envers le leader de la révolution de velours passé derrière la caméra. Michal Procházka était un des journalistes invités à la projection de presse la semaine dernière :

'Odcházení'
« En fait, comme presque tout le monde, j’ai été un petit peu déçu. Bien sûr, le film basé sur la pièce de théâtre offre beaucoup de thèmes assez personnels, beaucoup de petites blagues et beaucoup d’autodérision de sa part. Mais ce qui ne marche pas, c’est le cadre cinématographique. On a l’impression de voir un film des années 1960 du cinéma tchèque mais sans la force de la cinématographie de l’époque. Sa pièce de théâtre était beaucoup plus réussie que son film. Après la projection, je me suis dit qu’en fait ce sont des amis qui ont fait un film pour eux-mêmes. Mais est-ce que ça va apporter quelque chose au public, et surtout au public étranger ? Je ne sais pas… »

Václav Havel
Reste à savoir d’abord comment le public tchèque va réagir. En tout cas, à bientôt 75 ans, Václav Havel vient de rajouter une nouvelle ligne à un CV déjà hors du commun: dramaturge, dissident emprisonné, chef d’Etat et maintenant réalisateur. Un rêve qui lui tenait à cœur et qu’il a enfin réalisé malgré une santé très fragile. A peine sorti d’un nouveau séjour à l’hôpital il a d’ailleurs tenu à être présent pour la première du film mardi soir.