Sous le signe des festivals de musique en République tchèque

Aujourd'hui, dans Culture sans frontières, cinéma et musique, histoire de varier les plaisirs. C'est l'été et la saison des festivals, nous reviendrons donc sur celui de cinéma à Karlovy Vary, qui s'est achevé samedi dernier, mais tout de suite un bref tour d'horizon de quelques festivals de musique en plein air pour les jeunes - ou même les un peu moins jeunes - qui scandent l'été en République tchèque.

Budapest, en Hongrie, voit les choses en très grand avec son énorme festival Sziget. La République tchèque n'est toutefois pas en reste et comme chaque année, dès la mi-juin et jusqu'au début du mois de septembre, les principales villes de République tchèque ou leurs environs font la part belle aux décibels. A l'heure où vous écoutez cette rubrique, c'est le festival Colours of Ostrava qui s'achève, événement musical original dont je vous ai parlé il y a quelques jours au moment de son ouverture. Mais pas de panique, l'été ne fait que commencer, même si le beau temps n'est pas forcément toujours de la partie.

Avant d'évoquer les festivals régionaux, rappelons que Prague aussi a son rendez-vous de l'été, et c'est la Stromovka, ancienne réserve de chasse royale, aujourd'hui immense parc où il fait bon lézarder et se balader, qui abrite le festival Music in the Parc. Prévu cette année pour les 27 et 28 juillet, c'est Lauryn Hill, ex-chanteuse du groupe Fugees, qui en sera la tête d'affiche.

Petits ou grands festivals, une chose est sûre, quelle que soit la taille de l'événement ou les invités, aller à un festival est aussi une question d'atmosphère et d'échappée belle. Ce que confirme Pavel Kloupar, qui organise un des rendez-vous clé de l'été, le Sazava Fest, qui se déroule cette année du 2 au 5 août 2007 :

« La musique mise à part, nous parions bien entendu sur l'atmosphère de la nature, sur le fait que les gens quittent la ville, poluée et en quelque sorte dominée par la technique pour se rendre dans la nature, au bord de l'eau, dans le petit château de Kacov que nous essayons de restaurer petit à petit. C'est échapper à la torpeur de l'anonymat de la ville en empruntant des chemins touristiques et des pistes cyclables pour se retrouver dans un endroit agréable, favorisant les rencontres. Donc hormis les concerts, les films qui sont projetés, les spectacles de théâtre ou encore les lectures publiques, notamment par l'écrivain Michal Viewegh, sur place, les gens qui viennent partagent le goût de la tranquillité, le côté décontracté. C'est une communauté de personnes sympa qui s'intéressent à la culture. »

Cette année, la brochette de groupes internationaux est en outre plutôt réussie : outre Skye, l'ancienne voix du groupe Morcheeba, Sazava Fest fait venir cette année le groupe Anima Sound System, la bonne surprise de la scène musicale hongroise de ces dernières années, avec leurs mélanges réussis de dub, de musique ethnique et de hip-hop.

Dans un autre style, leurs compatriotes, Romano Drom, joueront la carte gypsy, tout comme la Roumaine Rona Hartner, égérie du réalisateur Tony Gatlif. Des Français aussi sont prévus, le groupe Electric Bazar Cie.

Si les festivals attirent en majorité des jeunes, le type de festivaliers diffèrent malgré tout selon les événements, comme l'explique Pavel Kloupar :

« Notre festival a une tradition un peu particulière, il semble que ce soit le festival où se rend le plus de filles (rires). La plupart des autres festivals sont très rock, et nous c'est un peu le contraire, on est un peu ouverts à tous les styles. Du coup, il y a beaucoup de filles qui viennent, ce qui peut être une bonne motivation pour les jeunes hommes. Mais bon, il y a aussi des gens qui viennent en famille ; nous proposons une musique un peu plus « cultivée », disons, moins dure, ce qui fait que les familles n'hésitent pas à venir. »

Ambiance festive, bière à flots, grillades, tentes plantées çà et là, détente et musique sont les points communs de tous les festivals. Côté scène tchèque, qui a manqué son groupe ou son chanteur favori a finalement toujours une chance de se rattraper car certains font la tournée des événements musicaux : la plus française des chanteuses tchèques, Iva Frühlingova, Sunshine, les rockeurs de Tabor qui ont vécu leur rêve américain et jouent désormais au pays, les rockeuses pur et dur de Gaia Mesiah, le groupe de ska Sto Zvirat, Traband nouvelle version, les Tata Bojs et bien d'autres encore se retrouvent dans plusieurs festivals, en fonction de leur style.

Et des styles, il y en a pour tous les goûts, entre les Vacances folk de Namest nad oslavou (21-28 juillet), le festival de dance Summer of Loveà Pardubice (18 août), le Hip Hop Kemp (24-26 août) à Hradec Kralove et bien d'autres.

Une mention spéciale pour le « Woodstock tchèque » - 20 bougies pour cet événement pas comme les autres puisqu'il est né avant la révolution de velours comme un festival underground. Voulu comme une alternative critique et comme geste politique contre le régime, Trutnov dédie l'édition 2007 à l'ancien président-dissident Vaclav Havel qui est un visiteur fidèle du festival. Cette année, il ne devrait donc pas manquer à l'appel. Trutnov est un bon exemple d'un phénomène très tchèque, dû à l'histoire, de la mixité de générations au niveau musical puisque y jouent à la fois des anciens musiciens de l'underground comme DG 307, Psi Vojaci, Vlastimil Tresnak, Marta Kubisova, mais aussi des groupes plus « jeunes », comme Schodiste, Tleskac et d'autres. Et côté public, tant les jeunes Tchèques qui n'ont guère connu l'époque du communisme que les anciens toujours fidèles au poste se mélangent et se retrouvent à Trutnov.