Sparta - Lyon : un point qui fait le bonheur de tous

Pour la première fois depuis 2004, deux clubs tchèques seront encore en course en coupes d’Europe au printemps prochain. Grâce à leurs résultats nuls (1-1) obtenus jeudi dernier respectivement contre Lyon à domicile et à Coimbra au Portugal, le Sparta Prague et le Viktoria Plzeň ont validé leur qualification pour les 16es de finale de la Ligue Europa. Présent à Letná, le stade du Sparta, Radio Prague revient sur cette soirée européenne.

Photo: CTK

Certes, ce n’est pas la Ligue des champions et certes, ce n’est « que » la Ligue Europa, la « coupe du pauvre » comme certains aiment appeler l’ancienne Coupe UEFA. Mais justement, avec ses moyens financiers très limités, les clubs tchèques font eux aussi plutôt figure de parents pauvres sur la scène européenne du ballon rond, et ce depuis plusieurs années déjà. Alors, pourquoi le football tchèque ne devrait-il pas se réjouir de voir deux de ses clubs sortir de la phase de poules de cette Ligue Europa ? Pourquoi devrait-il bouder son plaisir sous prétexte que certains grands pays, et la France en premier lieu, considèrent cette compétition au mieux comme un lot de consolation ?

Autant de questions que les joueurs du Viktoria Plzeň et du Sparta Prague ne se sont pas posé jeudi dernier au coup de sifflet final de leurs matchs respectifs. Avant ceux-ci, les deux équipes tchèques, deuxièmes de leur groupe, savaient qu’un résultat nul leur suffisait pour valider leur qualification pour les 16es de finale. Et ce résultat nul, dans les deux cas sur le même score de 1-1, c’est précisément ce que le Viktoria et le Sparta ont obtenu. A Coimbra, au Portugal, pour Plzeň et à domicile contre Lyon pour le Sparta. Même auteurs d’une faible prestation, surtout en première mi-temps, les Pragois ont donc décroché l’essentiel, ce qui suffisait amplement à leur bonheur, comme l’admettait leur entraîneur Vítězslav Lavička :

Vítězslav Lavička, photo: CTK

« Nous savions après le tirage au sort que nous n’étions pas les favoris du groupe. Nous avions quand même comme adversaires Lyon, une équipe habituée à la Ligue des champions, et l’Atletic Bilbao, finaliste de la dernière Ligue Europa. Il y avait aussi une équipe israélienne mal connue mais pleine d’ambitions. Notre premier objectif était donc d’engranger de l’expérience contre ces équipes et faire de notre mieux. Cette qualification, c’est un peu du bonus, surtout avant même notre dernier match de groupe. »

Vainqueur de ses quatre premiers matchs de poule et déjà assuré de poursuivre son parcours en Ligue Europa au printemps prochain, l’Olympique lyonnais, qui avait battu le Sparta (2-1) lors du match aller en France en septembre, était venu à Prague avec des objectifs autres que celui plus vital de son adversaire du jour. N’empêche, à l’issue de la rencontre, l’entraîneur lyonnais n’en était pas moins satisfait du partage des points. Rémi Garde explique pourquoi :

Rémi Garde, photo: CTK

« Je suis très content d’obtenir cette première place à l’avant-dernière journée, surtout dans les circonstances d’aujourd’hui. Par rapport au rajeunissement de l’équipe, c’est une belle satisfaction. Je suis passé un peu par tous les sentiments, comme souvent dans les matchs. Le terrain était très difficile pour pratiquer le jeu de passes dont nous avons l’habitude. Cela nous a obligés à jouer un peu plus long. Mais j’ai apprécié le comportement de mon équipe, sa rigueur tactique quand on n’avait pas le ballon. Au niveau des efforts et de l’état d’esprit, il y a eu beaucoup d’ingrédients qui m’ont plu. Les jeunes joueurs ont saisi leur chance. Ils ont montré que le travail payait et je suis très content pour eux. »

Le sentiment de satisfaction de Rémi Garde était également partagé par le président de l’OL, comme l’a confié Jean-Michel Aulas au micro de Radio Prague :

« L’objectif était d’assurer la première place. Par ailleurs, ce match nous a permis de faire tourner l’effectif puisque nous avons un premier match capital à Toulouse dimanche (défaite 0-3, ndlr) puis un autre à Marseille mercredi prochain en championnat. C’est donc une très belle opération que nous avons réalisée ce soir, qui nous a permis de voir à l’œuvre la future génération OL dans une configuration et avec une qualité de jeu très intéressantes. C’est donc vraiment une bonne journée pour l’ensemble du club. »

N’êtes-vous pas déçus de ne pas réaliser un parcours parfait dans cette phase de groupe ?

« Bien sûr, c’est toujours un rêve de faire un parcours sans faute. Mais en face, le Sparta jouait pour assurer sa deuxième place et sa qualification. Les Pragois jouaient chez eux, où ils ont réalisé de très bons résultats puisqu’ils ont battu nos deux autres adversaires dans le groupe, et notamment Bilbao, qui est une très bonne équipe. Le Sparta avait souffert chez nous au match aller, où le score finale aurait pu être plus lourd. Mais pour nous, ça reste un résultat nul dans un match de coupe d’Europe à l’extérieur. Compte tenu de notre jeune équipe alignée, je pense donc qu’il faut apprécier ce point à sa juste valeur. Certes, il ne nous permettra pas de faire un sans faute, mais si nous parvenons à gagner notre dernier match à domicile contre le Kiryat Shmona, ça fera cinq victoires pour un nul, et ce sera déjà exceptionnel. »

Après le match aller, Rémi Garde s’était un peu plaint de l’engagement physique des joueurs du Sparta. Aujourd’hui qu’avez-vous pensé de cette équipe ?

Sparta Prague - Olympique Lyon, photo: CTK

« Elle m’a fait moins d’impression qu’au match aller, où elle avait exercé un pressing extrêmement important avec, c’est vrai, un engagement physique de tous les instants. Mais il y avait aujourd’hui aussi un arbitre réputé pour appliquer à la lettre le règlement et distribuer les cartons quand il le faut. Je crois que cela a calmé un certain nombre d’ardeurs pour faciliter un jeu qui a été plus fluide qu’à l’aller à Lyon. Je pense que tout le monde a été gagnant, mis à part peut-être Yoann Gourcuff qui a une petite blessure à la cheville. Néanmoins, on repart de Prague sans blessés graves, ce qui est formidable. »

Yoann Gourcuff, justement, a été un des joueurs-clefs du match. Auteur d’un coup-franc sur la barre transversale en première période, le meneur de jeu international français, par lequel beaucoup de ballons sont passés, a délivré la passe décisive sur le but lyonnais. Un but inscrit par le jeune Yassine Benzia (18 ans) en tout début de deuxième mi-temps, quelques secondes seulement après le retour des vestiaires. Et un but, qui malgré l’égalisation pragoise sept minutes plus tard, a finalement suffi au bonheur lyonnais, comme le reconnaissait Yoann Gourcuff :

« C’est un bon résultat. Nous étions venus ici avec l’ambition de faire au moins match nul pour assurer notre première place dans le groupe. C’est d’autant mieux que les conditions étaient difficiles ce soir pour pratiquer le jeu que l’on souhaite. Nous nous sommes donc adaptés à la pelouse en essayant de ne pas prendre trop de risques dans la construction et d’être réalistes sur nos offensives. C’est bien aussi que Yassine ait marqué. Le seul petit regret peut-être est qu’il aurait été bien de conserver notre avantage à 1 à 0. »

Sparta Prague - Olympique Lyon, photo: CTK

L’état de la pelouse, il est vrai particulièrement mauvais, est revenu dans toutes les réactions lyonnaises d’après-match. Et selon Rémi Garde, la piteuse qualité de la surface de jeu a fortement influencé le déroulement des débats :

« Je pense que pour le Sparta comme pour nous, il est difficile de développer un football de qualité sur un tel terrain. Nous en avons convenu avec mon confrère du Sparta, qui m’a confié que les pelouses étaient souvent dans cet état à cette période de l’année. Le Sparta a donc joué assez long aujourd’hui et s’est efforcé d’accompagner sur les deuxièmes ballons. Je crois que de notre côté, nous avons été positionnées un peu plus bas qu’au match aller. Le match a été un peu différent, mais le Sparta est une équipe qui est bien structurée et qui est performante dans les duels. Après, c’est vrai que c’est une petite surprise que ce soient eux qui passent plutôt que Bilbao, notamment par rapport au parcours des Espagnols dans la compétition la saison dernière. Mais c’est le football. Vous savez bien que c’est une remise en question à chaque match et à chaque saison. Si le Sparta est passé, c’est donc qu’il l’a mérité tout simplement. »

Sparta Prague - Olympique Lyon, photo: CTK

Même sans être flamboyant jeudi, le Sparta Prague accompagnera donc Lyon lors du tirage au sort des 16es de finale de la Ligue Europa. Avant cela, il lui restera encore un match à disputer à Bilbao lors de la 6e et dernière journée de la phase de poules. Quant à l’OL, qui avait déjà affronté le Sparta tant en Ligue des champions masculine que féminine ces dernières saisons, il est revenu de Prague une nouvelle fois avec un bon souvenir. Le mot de la fin à l’intarissable Jean-Michel Aulas :

« Oui, c’est une très belle ville et les dirigeants du Sparta nous ont magnifiquement accueillis. C’est vrai que tant avec l’équipe masculine que féminine, c’est un club et une ville qui nous réussissent plutôt bien. Nous avons donc en quelque sorte rempli notre mission ce soir. »