Stabilisation de l’obésité en République tchèque

Photo: Archives de Radio Prague

L’obésité pourrait ne plus être un problème de poids en République tchèque. C’est en tout cas ce que laisse espérer une enquête montrant une stabilisation de celle-ci au cours des dernières années. Les médecins s’en félicitent mais restent prudents.

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Les Tchèques adultes sont 21% à être concernés par l’obésité, tandis que 34% d’entre eux seraient en situation de simple surpoids. C’est ce qui ressort d’une étude de l’agence STEM/MARK, réalisée régulièrement auprès de plus de 2 000 personnes âgées d’au moins 18 ans. La République tchèque se place ainsi légèrement au-dessus de la moyenne européenne avec au total 55% de sa population présentant un indice de masse corporelle (IMC) trop élevé. Mais le principal enseignement de cette enquête est positif : il montre un arrêt de la progression de l’obésité dans le pays.

Ces chiffres sont en effet les mêmes, au pourcent près, que ceux de la précédente enquête, il y a trois ans. La proportion de personnes considérées comme obèses aurait même baissé d’un petit point par rapport à 2008. Pas vraiment de chute donc, mais une stabilisation encourageante alors que la surcharge pondérale est un problème sanitaire grandissant dans toute l’Europe, et qui coûte des dizaines de milliards de couronnes par an à l’Etat tchèque.

Les spécialistes restent cependant vigilants et insistent sur l’ampleur du phénomène. Néanmoins, ils se réjouissent de la tendance de stabilisation observée. A ce sujet, les explications vont bon train. Pour Petr Sucharda, chef de médecine interne à l’hôpital universitaire de Prague, ce début de succès traduit d’abord une plus grande sensibilisation de la population :

Photo: Commission européenne
« Bien sûr, l’attention qui est accordée à tous les aspects négatifs que peuvent avoir la surcharge pondérale et l’obésité est beaucoup plus grande qu’auparavant. En ce sens, les médias et certaines organisations, comme celle qui s’appelle ‘Stop à l’obésité’, ont beaucoup de mérite. Lorsque j’ai commencé à me consacrer à ce sujet, vers 1985, l’attention portée au problème était incomparablement plus petite. On pouvait trouver un ou deux articles sur le surpoids après les fêtes de fin d’année, et puis c’est tout. Alors qu’aujourd’hui, je pense que tout le monde est au courant des effets de l’obésité. »

Martin Matoulek, médecin, souligne, lui, que le tassement de la progression de l’obésité était, en un sens, prévisible et en tout cas inévitable :

« En mathématiques, toutes les courbes ont un pic. Ici, cela signifie que bien que l’on soit monté jusqu’à environ 60% de personnes en surpoids, certains d’entre nous ont quand même des gènes qui leur permettent de lutter contre, et qui font qu’ils ne seront pas concernés par des problèmes de surpoids sérieux. Et puis il y a parmi la population des personnes obèses qui peuvent tout simplement disparaître parce qu’elles en décèdent. »

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Les données recueillies permettent de peindre un tableau très précis de la réalité de l’obésité en République tchèque, ce qui va aider à comprendre et lutter contre le phénomène. On apprend par exemple qu’il est beaucoup plus répandu dans les petites communes que dans les grandes, les deux tiers des habitants des communes de 1 000 ou 2 000 habitants étant en surpoids. De même, les hommes sont nettement plus touchés que les femmes pour tous les problèmes de masse corporelle.

La face sombre de l’enquête, c’est ce chiffre inquiétant : à l’opposé de la surcharge pondérale, une jeune fille tchèque de 18 à 19 ans sur cinq est en situation de sous poids. Pour cette catégorie de la population, l’anorexie reste le principal problème alimentaire. Et les spécialistes tirent le signal d’alarme.