Suspension des vols avec la Chine et de la délivrance des visas : la peur du coronavirus se propage en Tchéquie
Le gouvernement tchèque a décidé, ce lundi, de suspendre à compter de dimanche prochain tous les vols directs entre la République tchèque et la Chine en raison de la propagation de l’épidémie du coronavirus. Avant cela, dimanche, sept personnes évacuées de Wuhan ont atterri à Prague, grâce notamment à l’aide de la France, et ont été placées en quarantaine par mesure de précaution. Le gouvernement doit désormais se pencher sur le sort des autres ressortissants tchèques toujours bloqués en Chine, alors qu’aucun cas de contamination n’a encore été recensé en République tchèque.
Les sept personnes, parmi lesquelles deux ressortissants slovaques, sont arrivées en République tchèque dimanche soir après avoir transité par la base militaire d’Istres et Bruxelles, où les attendaient un avion militaire envoyé spécialement par Prague.
Depuis Wuhan, épicentre de l’épidémie du coronavirus en Chine, elles se trouvaient à bord de l’avion affrété spécialement par le gouvernement français, qui a permis l’évacuation de 250 personnes. Parmi elles, soixante-cinq étaient des ressortissants français, les autres passagers étant d’une trentaine de nationalités différentes.
Accompagné des ministres des Affaires étrangères et de la Santé, le Premier ministre Andrej Babiš a participé, peu après minuit, à l’aéroport Václav Havel, à un point presse organisé après la prise en charge des voyageurs par un personnel sanitaire:
« Je suis d’abord très heureux que cette opération de sauvetage se soit bien passée et que nos ressortissants aient pu être rapatriés depuis Wuhan. Mais notre travail ne s’arrête pas là. Après avoir déjà décidé la semaine dernière de ne plus délivrer de visas Schengen aux citoyens chinois, nous déciderons lors du conseil des ministres de ce lundi également de suspendre les vols entre la République tchèque et la Chine. »De son côté, le ministre de la Santé, Adam Vojtěch, a annoncé que tous les passagers, étaient en bonne santé et ne présentaient pas de symptômes de la maladie.
Après que leur avion a atterri au quatrième terminal de l’aéroport géré par le ministère de la Défense, les deux Slovaques ont été pris en charge par des ambulances qui les ont ramenés dans leur pays jusqu'à l’hôpital de Banská Bystrica, tandis que les Tchèques, eux, ont été transférés à l’hôpital Na Bulovce à Prague. Ils y ont été soumis à des tests qui se sont tous révélés négatifs. Parmi eux se trouvaient deux étudiants qui séjournaient à Wuhan. Ils ont été placés en quarantaine et resteront confinés le temps de deux semaines durant lesquelles ils feront l’objet d’un suivi médical.
Comme avant lui son homologue français Jean-Yves Le Drian à Istres, le chef de la diplomatie tchèque, Tomáš Petříček, a salué la réussite de ce pont aérien et l’excellente coopération tout spécialement avec Paris :
« Je suis satisfait qu’après la mise en quarantaine de Wuhan il y a neuf jours, nous soyons parvenus tous ensemble, grâce à la France notamment et à l’aide d’autres Etats, à rapatrier 250 personnes, y compris donc nos compatriotes. Pour moi, la réussite de cette opération est aussi la démonstration qu’en cas de situation de crise comme celle-ci, la coopération européenne fonctionne. »Pour autant, la mission des autorités tchèques se poursuit, d’autres ressortissants tchèques se trouvant encore en Chine.
« Notre ambassade a enregistré une centaine de demandes de nos compatriotes pour rentrer en Europe sur des lignes commerciales. C’est une question dont nous devons encore discuter au gouvernement, car il faut empêcher que la suspension des vols entre les deux pays bloque ces gens en Chine. Il faudra donc trouver une solution pour qu’ils puissent rentrer en Europe. »
Sur ce dernier point, la suspension des vols prévue à partir de dimanche 9 février pour une durée indéterminée, devrait laisser une marge de temps et de manœuvre suffisante pour pouvoir rapatrier tous les demandeurs. Concrètement, la décision prise par le gouvernement concerne douze lignes directes hebdomadaires entre Prague, Pékin, Chengdu et Shanghai, exploitées par trois compagnies aériennes chinoises.
Dimanche, le Premier ministre a déclaré que l’Airbus du gouvernement pourrait également être affrété pour évacuer les derniers ressortissants tchèques qui resteraient encore en Chine, où le nombre de personnes atteintes du coronavirus ne cesse d’augmenter, 17 200 selon le dernier bilan fourni par Pékin ce lundi.