Sylvaine Wiart : « Dans la musique tchèque il y a une flamme que j’aime beaucoup »

C’est dans le musée Smetana situé au bord de la Vltava tout près du pont Charles à Prague qu’a eu lieu le récent concert du duo formé par le violoniste tchéco-suédois Jaroslav Šonský et la pianiste française Sylvaine Wiart. Les deux artistes ont présenté un programme qui donnait au public l’occasion de comparer les styles néoromantiques tchèque et français. A l’issue du concert Václav Richter a posé quelques questions à la pianiste Sylvaine Wiart :

Sylvaine Wiart
Vous formez un duo avec Jaroslav Šonský. Quel a été le début de votre collaboration ?

« Notre collaboration est en fait assez récente. Cela fait un an et demi qu’on s’est rencontré pour la première fois et notre contrat a été pratiquement tout de suite suivi d’un concert dans le sud de la Bohême, à Český Krumlov. C’était en juin 2009 et au mois de septembre je suis revenue. Nous avons joué au Clementinum à Prague, nous avons joué en Suède, nous avons fait une tournée d’une semaine en Allemagne. Et c’est donc pour la troisième fois que je joue à Prague. »

Pouvez-vous résumer sommairement votre carrière ?

« J’ai joué pendant quinze ans, et même un petit peu plus, pratiquement pendant une vingtaine d’années dans un duo, flûte et piano. On a rayonné un peu partout. On a beaucoup joué et ce duo s’étendait parfois au trio. On avait un trio avec violoncelle. Et pour des raisons privées, ce duo s’est dissout il y a quelques années. Et à ce moment là, j’ai travaillé beaucoup avec des chanteurs. »

Ce soir vous avez joué une sonatine de Dvořák, un duo de Smetana et la très célèbre sonate de César Franc. Pourquoi ce répertoire ?

Jaroslav Šonský,  photo: Tomáš Sedláček,  www.mzv.cz
« Ecoutez, Jaroslav est tchèque et je suis française, on avait chacun envie de s’apporter un peu de notre potentiel. Jaroslav m’a fait connaître cette pièce de Smetana que je ne connaissais pas. Je connais bien sûr l’œuvre de Smetana mais je ne connaissais pas ses nocturnes et ses préludes. Voilà, on avait envie de mêler l’âme slave, le rubato slave qui n’est pas le même que l’expression que l’on peut trouver chez César Franck. Voilà, on trouvé que c’était un programme qui nous ressemblait bien. »

Je voulais vous demander justement quelle est la différence entre la musique néoromantique tchèque et la musique française de la même période…

« Je pense que, en tout cas d’après les œuvres que nous avons jouées, dans le néoromantisme tchèque il y a, comment, dire, une extraversion, un romantisme, un rubato qui est très prononcé et une flamme que j’aime beaucoup. Chez Franck, c’est plus retenu, les rubatos sont déjà marqués dans l’écriture même de la musique. C’est plus intérieur, c’est une autre forme de rubato et d’expression. »

Connaissez-vous aussi d’autres compositeurs tchèques et avez-vous envie de jouer leur musique ?

« Je connais les compositeurs tchèques qui sont connus – Martinů, bien sûr, mais là, quand je vois les tableaux dans la pièce où nous sommes et où il y a beaucoup de noms, il faut dire, que je ne les connais pas et que j’aimerais les connaître bien sûr. Je dois dire à ma grande honte que je connais bien, enfin assez bien, Smetana, Martinů, Dvořák, Feld s’il est tchèque (je l’ai joué et je l’aime beaucoup aussi), Janáček, ah oui, j’oubliais Janáček… Voilà je crois que ma culture s’arrête là… »

Vous jouez parfois aussi le répertoire pour piano solo ?

« Oui. Mais il est vrai que depuis plusieurs années je joue plus de la musique de chambre. Je travaille pour moi-même les pièces en solo mais je me produis plus dans des formations comme trios, quatuors, quintettes. »

Quelle est maintenant votre idée de l’avenir de votre petite formation, de votre duo…

« Nos projets, c’est de continuer bien sûr en duo mais aussi de former un trio notamment avec un violoncelliste russe qui s’appelle Igor Kratchenko. Nous avons donc envie de jouer en trio. Et puis voilà le projet immédiat que nous avons, c’est de jouer le Double concerto de Mendelssohn avec un orchestre de chambre de Prague. »

Ce soir le concert a eu lieu dans un endroit assez spécial. Est-ce que ce cadre, le musée Smetana au bord de la Vltava, a contribué, en quelque sorte, au succès de ce concert ?

« C’est très agréable, jouer en ayant dans le champ visuel la Moldau qui passe. C’est sublime. C’est un très très beau lieu, ces baies vitrées qui s’ouvrent sur une des plus belles vues de Prague, ce sera un magnifique souvenir. »