Tamikrest : des rythmes du peuple touareg et des liens particuliers avec Prague

Tamikrest

Dans le cadre du festival Respect, le groupe Tamikrest s’est produit deux fois à Prague en cette fin de semaine, une première fois jeudi soir puis ce vendredi matin avec un concert pour les enfants. Ousmane Ag Mossa, membre fondateur du groupe originaire de la région de Kidal au Mali, a répondu aux questions de RPI juste après ce deuxième concert dans la capitale tchèque.

Photo: Glitterbeat

Avez-vous un lien particulier qui vous unit à la Tchéquie ?

« Absolument ! Ça fait un peu plus de dix ans que nous sommes venus à côté de Prague, c’était en 2013, pour deux semaines. C’était la première fois que j’allais dans un studio comme ça, dans lequel on a enregistré un album nommé Chatma ».

C’était votre troisième album ?

« Exactement. J’ai de bons souvenirs de ce studio, de l’ingénieur du son et de tout le monde. C’était pour moi le meilleur souvenir d’enregistrement. Mais au départ, ce n’était pas prévu que je l’enregistre à Prague, c’était une surprise. C’est mon producteur avait décidé à la dernière minute que ça serait dans ce studio très connu. »

Ce sont les circonstances à Bamako qui ont conduit à ça ?

Ousmane Ag Mossa | Photo: Alexis Rosenzweig,  Radio Prague Int.

« Tout à fait. En 2013, c’était un moment très difficile au Mali avec l’arrivée de l’opération militaire Serval – et encore aujourd’hui ça reste difficile. C’est ça qui nous a mené ici à Prague et nous avons très bien fait parce qu’à Bamako c’est presque impossible de trouver un tel studio. »

Envisagez-vous de renouveler cette expérience ?

« Bien sûr ! On a toujours envie de revivre quelque chose que nous avons tant aimé ! »

Les Tchèques et surtout tous les partis politiques comme on l’a vu dans cette campagne européenne sont très réticents sur les questions d’immigration. Quelle est votre expérience des rencontres avec les Tchèques ?

« Je n’ai pas constaté quoi que ce soit contre nous. Tout ce que j’ai vu, c’est le chaleureux public devant lequel j’ai joué. »

La communication avec le public tchèque n’a pas été trop difficile malgré la traduction du français à l’anglais, puis de l’anglais au tchèque ? Surtout dans un concert pour enfants… Avez-vous réussi à transmettre des sensations quand même ?

« Pour moi c’est très important. Quand je joue devant un public adulte, comme jeudi soir, je suis à peu près certain qu’ils comprennent mes quelques mots d’anglais. Pour les enfants, il ne faut pas négliger les paroles des chansons non plus. On peut leur dire quelque chose qui restera gravé dans leur tête dans 20 ans. La dernière chanson que nous avons jouée, nous l’avons composée quand nous étions encore à l’école dans le Sahara. Dans cette chanson on sensibilise les gens à l’importance de l’école parce qu’il faut être instruit pour être bien dans notre monde. »

Est-ce qu’actuellement vous pouvez rentrer dans votre pays ?

« Pour le moment, j’ai juste le pays dans le cœur. Ce n’est plus le même pays, la même liberté, la même hospitalité. Même le désert a changé, l’Azawad dans le nord du Mali par exemple, où la situation avec les groupes armés djihadistes ou Wagner est très difficile. Et les multinationales ne voient le pays que sous le prisme d’un lieu qu’elles pourraient exploiter, avec notamment l’uranium. »

Le festival Respect se déroulera les 15 et 16 juin à Prague sur l'île de Štvanice avec des groupes de plusieurs continents. https://rachot.cz/respect-festival/