Temelin - miracle ou catastrophe ?
La centrale nucléaire de Temelin est réveillée de son sommeil, mais à part cela, pratiquement rien n'a changé. D'un côté, les protestations indignées, d'un autre côté des sourires optimistes. Premières réactions des deux camps opposés recueillies par Magdalena Segertova.
"Le fait qu'en 1990, je ne me suis pas opposé à la construction de la centrale de Temelin, est la plus grande faute que j'aie commise", a dit le Président Vaclav Havel, lundi, dans un entretien pour la Radio tchèque. Quelques heures plus tard, à Temelin, le chef du cabinet Milos Zeman et le ministre de l'Industrie et du Commerce Miroslav Gregr ont coupé symboliquement le ruban et inauguré ainsi la centrale. En rayonnant de joie car les deux hauts représentants politiques tchèques considèrent la mise en service de Temelin comme leur succès. A la conférence de presse de lundi soir, Milos Zeman prodiguait de louanges. A ceux qui avaient construit Temelin, aux employés de sa soeur aînée, la centrale de Dukovany, au ministre Gregr, bien sûr, ainsi qu'à tous ceux qui avaient soutenu ce projet. Selon le directeur de CEZ, société énergétique tchèque, Temelin est un symbole de notre adhésion au monde développé, une preuve de la haute qualité de l'enseignement, de la science et de la recherche tchèque.
Fait connu, nos voisins autrichiens et bavarois sont loin de partager cette joie. Les écologistes persévérants de la Haute-Autriche sont prêts à camper à la frontière tchéco-autrichienne jusqu'à la fin de la semaine. Tant que le blocage dure, le Premier ministre tchèque ne voit pas l'intérêt de rencontrer le chancelier autrichien Wolfgang Schüssel, très inquiet à propos de la sécurité de Temelin. Pas de réactions officielles, jusqu'à présent, de la part du ministre de l'Environnement allemand. Des voix de protestation se sont quand même élevées en Bavière. Selon une représentante des Verts allemands, les autorités tchèques sont irresponsables et les Tchèques, les Autrichiens et les Bavarois servent, tout simplement, de cobayes.
Mais affirmer qu'au-delà de la frontière tchèque, il n'existe qu'une seule opinion, ne serait pas exacte non plus. "Si un pays qui lutte contre l'énergie nucléaire veut persuader de sa nocivité quelqu'un d'autre, lever l'index en signe d'avertissement ne suffit pas. Une politique réaliste aurait dû respecter l'avis du pays voisin et s'occuper seulement de la sécurité du réacteur de Temelin. Or, l'Autriche avait choisi une autre voie, celle de la politique à sensation", a écrit, mardi, le journal autrichien Der Standard.