Tension entre la Tchéquie et l'Autriche à cause de Temelin
La réaction de fusion contrôlée a commencé, ce mercredi à 6 heures 19 minutes, dans la centrale nucléaire de Temelin, en Bohême du sud. Le réacteur est donc en marche, mais son rendement est encore minimal. Les installations de la centrale seront soumises, pendant 20 semaines, à des tests qui doivent confirmer la sûreté de leur fonctionnement. Les militants autrichiens contre la centrale s'obstinent, cependant, à protester et à bloquer la frontière tchéco-autrichienne. Ils ont décidé d'étendre le blocage pratiquement sur toute la longueur de la frontière. Cela donne des soucis surtout aux routiers tchèques dont les camions forment de longues colonnes devant les postes frontière. Les militants contre la centrale affirment que le blocage se poursuivra, au moins, jusqu'à lundi prochain. A l'issue de l'activation des blocs de la centrale nucléaire de Temelin, pas même les hauts responsables politiques autrichiens ne tarissent de critiques virulentes, rejoints en cela par leurs homologues allemands, quoique plus modérément. Omar Mounir.
Le chancelier autrichien Wolfgang Schüssel reconnaît que les relations tchéco-autrichiennes sont mises à mal, et fait supporter la responsabilité au gouvernement de Prague, qu'il dit s'entêter dans le refus de négocier. "Le sentiment dominant, a-t-il ajouté, est que nous bloquons quelque chose, alors que c'est le contraire qui est vrai." Cela pour conclure, en faisant allusion à la menace qui pèse, à son sens, sur l'Autriche, qu'il se trouve dans l'obligation de bloquer, sur le chapitre énergétique, les négociations d'admission de la Tchéquie à l'Union européenne.
Pour l'instant, le ministère tchèque des Affaires étrangères n'a pris aucune décision conséquente contre la démarche des autorités autrichiennes, qui ont laissé bloquer les voies de communication. Le tout est que, bien avant la complication de la situation, il a exprimé son mécontentement et fait appel à l'Autriche pour qu'elle change de politique et assure la libre circulation aux postes frontaliers. Pour le reste, le chef de la diplomatie tchèque, Jan Kavan, a déclaré : "Je ne suis pas un partisan de la confrontation et des mots forts."
Wilhelm Molterer a sollicité, ce mardi, à Luxembourg, le soutien de ses collègues ministres de l'environnement. Leur soutien à l'Autriche, dans son opposition à la centrale de Temelin. Déjà, lundi, la ministre autrichienne des Affaires étrangères, Benita Ferrero-Waldner, a exposé la plainte de son pays à ses collègues de l'Union européenne, avant de partir, sans même se soucier de leurs opinions. Ils l'auraient écoutée pour rien.
Quant au ministre allemand de l'Environnement, Jürgen Trittin (un Vert), il a qualifié la mise en marche de la centrale de Temelin : "De doute au plan de la sécurité et d'erreur au plan de l'énergie." Autrement, il n'a rien apporté de nouveau à la position de l'Allemagne ; elle se résume de manière tout à fait tempérée en une certaine réserve, sans faire de la question de la sécurisation de Temelin un préalable à l'admission de la Tchéquie à l'Union.
Pour sa part, la vice-présidente des Verts bavarois, Emma Kellner, a qualifié de "décision irresponsable" le lancement de Temelin, au motif que la sécurité des réacteurs n'est pas sûre. Enfin, le journal autrichien Der Standard a souligné que si l'Autriche voudrait convaincre son voisin de la justesse de sa position, elle ne peut pas se contenter de lever le doigt. L'Autriche, lit-on dans le journal, n'a apporté aucune offre digne d'attention liée à la conception énergétique et avant tout au financement, pour que Prague puisse envisager la renonciation à l'énergie nucléaire.