Tensions au sein de la coalition : beaucoup de bruit pour rien ?
Après un week-end politique agité, la fin de journée de lundi a apporté sinon de franches accolades réconciliatrices entre les différents membres de la coalition gouvernementale, à tout le moins un status quo. En effet, ce week-end a représenté une sorte de sommet de l'escalade des tensions d'un côté entre ceux-ci, et de l'autre, entre le parti de l'ODS, le parti de droite dans l'opposition, et les sociaux-démocrates, parti principal de la coalition au pouvoir.
Le week-end, au lieu d'apaiser les esprits, a été le théâtre de vifs échanges : le Premier ministre Jiri Paroubek, qui au fil des mois depuis le début de son mandat, a progressivement durci son discours, a ouvertement critiqué les chrétiens-démocrates du KDU-CSL auxquels il a reproché son manque de loyauté et a jeté un pavé dans la marre en évoquant des élections législatives anticipées. Sur quoi, l'opposition de droite a réagi d'office en appelant Jiri Paroubek à démissionner ce que l'intéressé a refusé tout net.
Lundi soir, après la réunion de crise des représentants des trois partis de la coalition, les pendules semblaient être temporairement remises à l'heure, au moins en ce qui concerne l'avenir proche du gouvernement : Miroslav Kalousek, le chef des chrétiens-démocrates, annonçait que ceux-ci étaient prêts à continuer leur tâche, pour les huit mois restants, de même que les sociaux-démocrates et les unionistes, qui se disaient toujours liés par l'accord fondateur de la coalition. Néanmoins, la méfiance reste de mise et le Premier ministre a mentionné une sorte de période d'essai d'une semaine pour évaluer la bonne volonté des chrétiens-démocrates.
Après que Jiri Paroubek a émis une fin de non-recevoir au défi de l'ODS d'organiser des élection anticipées dès le mois de décembre, n'admettant cette possibilité qu'en mars-avril, soit à peine deux ou trois mois avant la date prévue, l'ODS s'était faite entendre dire qu'elle présenterait un vote de défiance dans les jours à venir. Aux dernières nouvelles, le parti de l'opposition considérerait pour l'heure le vote prévu sur la formation ou non de la commission d'enquête sur Unipetrol comme un test suffisant.Ce n'est de loin pas la première fois que de tels litiges agitent la scène politique tchèque. D'aucuns restent cependant sceptiques quant à leur réelle gravité. Et dans la mesure où a été immédiatement évoquée la possibilité d'élections anticipées, on serait tenté de leur donner raison. D'après le sociologue et politologue Jan Hartl, du Centre des études empiriques, interrogé par le quotidien économique Hospodarske noviny, il n'y aurait pas de crise à proprement parler et l'agitation verbale de ces derniers jours participerait de messages envoyés aux électeurs par les différents partis. Une sorte de pré-campagne, en somme, où ceux-ci commenceraient à disposer leurs pions et à affermir leurs positions, avec juin 2006 comme ligne d'horizon.