Tollé contre l’amnistie : Václav Klaus s’offusque
L’affaire du début de l’année 2013 continue… Sous le feu des critiques, tant de la part des hommes politiques et des juristes que de simples citoyens, pour avoir déclaré une amnistie importante, dont bénéficient également certaines personnes coupables de graves délits économiques, le président Václav Klaus a prononcé, mardi, à la télévision publique, un discours émotif. Sans réagir aux arguments avancés par les spécialistes, le chef de l’Etat s’est limité à cet unique constat : la désapprobation de l’amnistie serait une forme d’attaque de la part de ses adversaires contre sa personne.
« Ceci n’est pas une campagne dirigée contre l’amnistie en tant que telle, mais contre moi-même, contre les valeurs que j’incarne et que défends depuis vingt ans sur la scène politique tchèque. Les auteurs de cette campagne ne se soucient pas des condamnés, ni des prisonniers libérés, ni des soi-disant ‘tuneláři’, donc d’escrocs financiers, ni même des victimes de ces crimes. Leur objectif est de s’attaquer à moi précisément à la fin de ma présidence. J’ai l’impression que cette campagne témoigne d’une crainte de mes adversaires politiques par rapport à mon futur engagement public. »
Ceux qui défendent Václav Klaus se recrutent principalement du Parti civique démocrate ODS. On écoute le député Marek Benda :« Il est évident qu’on a abusé de cette amnistie à des fins politiques. Nous sommes à la vieille de l’élection présidentielle… Ce qui se passe, quand les maires et les directeurs des écoles décrochent le portrait du chef de l’Etat, c’est de la folie. »
Lubomír Zaorálek du Parti social-démocrate ČSSD, dans l’opposition, est d’un autre avis : « Au lieu de répondre à nos questions, le président nous a dit qu’il continuerait dans sa politique. Aucune campagne n’est menée contre lui, c’est une manipulation typique de Václav Klaus », a-t-il déclaré. Force est de constater que les objections contre l’ampleur de l’amnistie ont même été formulées au sein des parti gouvernementaux TOP 09 et LIDEM.Enfin, un regard de l’étranger : Radio Prague a demandé au politologue tchèque installé en France, Lukáš Macek, de comparer l’amnistie déclarée par Václav Klaus à celles annoncées par le passé par des présidents français :
« Je ne vois pas tellement d’analogie. En France, traditionnellement, les amnisties se font après l’élection d’un nouveau président et non pas à la fin de son mandat ce qui lui permet d’assumer la responsabilité de cette amnistie. C’est une différence qui me paraît importante. Mais surtout, on ne parle pas du tout des mêmes choses. Ces dernières décennies, l’amnistie présidentielle française concernait de petites infractions, le mauvais stationnement par exemple. Et encore, ces délits n’ont pas été amnistiés en 2007 et en 2012, où il n’y a pas eu d’amnistie du tout. Ce qui me gêne beaucoup dans l’amnistie du président Klaus, c’est justement qu’il la déclare à la fin de son mandat. Certes, officiellement, c’était pour les 20 ans d’indépendance de la République tchèque, mais quand même, il devrait tenir compte du contexte politique. Après tout, il aurait pu laisser le soin au président nouvellement élu de faire ce geste. Ce que je trouve également très gênant, c’est que cette amnistie porte sur des affaires qui sont encore en cours, avec des justifications concernant la Cour européenne des droits de l’Homme, mais qui ne tiennent pas de bout. »