Tomas Garrigue Masaryk
Tomas Garrigue Masaryk fut le premier président, de la République tchécoslovaque proclamée le 14 novembre 1918 à Prague lors de la première séance de l'Assemblée nationale révolutionnaire par son président le Dr Kramar. A cette occasion ce dernier prononça solennellement la déchéance des Habsbourg et proposa d'élire T.G. Masaryk président. L'élection se fit à l'unanimité. Masaryk, chef d'état reconnu et adoré de tous les Tchèques, a réussit par sa seule autorité morale à faire régner l'ordre dans son pays. Les Tchèques l'appelaient le petit père Masaryk.
Le premier président tchécoslovaque, qui parlait plusieurs langues étrangères, vivait de façon simple. Il commençait la journée par une petite promenade quotidienne à cheval, déjeunait sobrement sans consommer d'alcool, l'après-midi il lisait les revues, journaux et ouvrages scientifiques. Au cours de la journée il dictait évidemment son courrier, donnait des ordres, recevait des ministres, bref exerçait toutes les activités exigées d'un chef d'état.
T. G. Masaryk est né le 7 mars 1850 à Hodonin, petite ville de la Moravie. Son père, un brave homme illettré, était cocher des domaines seigneuriaux. Le chef de famille était la maman dont le niveau de culture était relativement haut. Elle voulait que ses enfants aillent à l'école, mais à l'époque il était obligatoire de demander la permission au seigneur domanial. C'est le père de Tomas qui se charge de la tâche et réussit à obtenir l'autorisation de scolarisation pour ses deux fils. A treize ans Tomas est mis en apprentissage à Vienne, chez un serrurier. Il ne s'y plaît gère et s'enfuit à la maison. Son père se trouve compréhensif et lui trouve une place chez un maréchal-ferrant où Tomas est satisfait. Mais un jour passe par pur hasard à côté de la forge son ancien maître d'école. Il y voit travailler Tomas qu'il estime être un garçon intelligent et doué pouvant faire beaucoup mieux. Il vient trouver les parents pour les initier à faire suivre des études à leur fils. Convaincus les parents envoient Tomas à l'école normale de Brno. Fasciné par l'histoire de la nation tchèque, Tomas Masaryk fonde avec ses camarades de classe un club où l'on chante les anciennes chansons nationales. Le franc parler de Tomas ne lui attire que des ennuis. Ils se fait renvoyer de l'école et se voit obligé de continuer ses études à Vienne.
Après avoir passé son baccalauréat il entre à la faculté des lettres où il étudie la philosophie, le russe, les littératures françaises et anglaises. Il adhère à la Société universitaire tchèque dont il est bientôt nommé président. Il termine ses études avec une thèse de doctorat L'essence de l'âme d'après Platon et caresse l'idée de suivre une carrière de diplomate. Rêve irréalisable car seuls les jeunes nobles sont destinés à la pratique des relations internationales. Il décide de partir à Leipzig pour acquérir de nouvelles expériences. C'est dans l'ancienne ville universitaire allemande que Masaryk rencontre la femme de sa vie, l'étudiante de musique l'Américaine Charlotte Garrigue, descendante de huguenots français. Depuis son mariage en 1878, Masaryk ajoutera à son nom celui de sa femme - Garrigue et signera donc Tomas Garrigue Masaryk - T.G. Masaryk. Un jour il écrira : Sans ma femme je n'aurais pas pu comprendre le sens de la vie, ni ma tâche politique, et, sans elle je n'aurais pu faire la moitié de mon travail.La publication de la thèse sur la Fréquence du suicide comme manifestation collective de la civilisation moderne a valu a Masaryk d'être nommé professeur de philosophie et de sociologie à l'Université de Prague. Il fascine les étudiants par sa simplicité, son idéalisme, sa franchise et la présentation de la philosophie sous un angle tout à fait différent, la considérant comme une science vivante et non une discipline morte. En cette période il fonde la revue Atheneum, ayant pour objectif de soutenir la création d'un patriotisme fondé sur la connaissance exacte des faits historiques et actuels.
En 1891 T.G. Masaryk est élu au Parlement de Vienne comme député de l'opposition. Quelques années plus tard il assiste au procès d'un certain Hilsner, pauvre chemineau juif inculpé d'un crime rituel. Suite à sa propre enquête minutieuse Masaryk attaque le procès par une déclaration de commission d'erreur judiciaire. A son tour il est attaqué : les journaux parlent d'une commission de 2 millions de couronnes par une certaine organisation juive mondiale. Il est insulté, déclaré traître, sa famille est menacée. Il veut quitter le pays, mais grâce à sa femme il reste pour continuer sa lutte. Masaryk, élu au parlement, veut fonder un ordre nouveau basé sur le culte de la vérité et se fait beaucoup d'ennemi par la poursuite de la fraude.
En 1941 il fonde avec un de ses anciens étudiants Edvard Benes le Comité de la Nation au nom duquel Masaryk et ses collaborateurs agiront à l'étranger. Des centres d'action sont créés à Paris et à Londres où le futur président de la Tchécoslovaquie s'installe avec sa fille Olga. Pendant quatre ans le père et la fille parcourront le monde. La première tâche de Masaryk à l'étranger fut d'établir des relations secrètes avec le Comité de la Nation, la deuxième de grouper les colonies tchèques des pays alliés ou neutres dans une organisation unique. En début juillet 1915 Masaryk se manifeste publiquement contre l'Autriche en donnant une conférence à Genève organisée par la ville et son université. Dès lors Masaryk est non seulement étroitement surveillé, mais est sujet à de nombreuses tentatives d'empoisonnements. A Genève par exemple ses bras se couvrent d'ulcères suite à un empoisonnement par le linge.L'objectif du programme national de Masaryk et de son collaborateur Benes est de démembrer l'Autriche, de reconnaître le droit aux petites nations de disposer d'elles-mêmes et de reconstruire l'Europe centrale. Ils réussissent à gagner à leur programme les sympathies des gouvernements des pays alliés. Le Comité de la Nation est transformé en Conseil national des pays tchèques et reconnu par les colonies tchèques et les gouvernements alliés.
Le 28 octobre 1918 le Comité national proclame à Prague l'indépendance de l'Etat tchécoslovaque et en novembre T.G. Masaryk est élu président de la Tchécoslovaquie. La devise de sa démocratie était : Jésus et non pas César. Parmi les actes les plus importants de T.G. Masaryk se situe la liberté de conscience inscrite dans la Constitution, la réforme foncière rendant aux Tchèques les terres dont ils furent dépossédés par l'Autriche après la bataille de la Montagne Blanche ou l'éducation civique et politique de la population. En 1919 le gouvernement organisait dans chaque commune des cours gratuits d'éducation civique pour adultes et ouvrait des bibliothèques bien fournies. T. G. Masaryk a été réélu à quatre reprises. Tchèques, Slovaques, Hongrois, et Allemands votèrent à la presque unanimité. Seuls les communistes, l'ennemi le plus redoutable, sont restés à l'écart.
Le premier président de la République tchécoslovaque est décédé en 1937 au château de Lany, à l'âge de quatre-vingts sept ans.