Transport routier et salaire minimum : Tchèques et Slovaques menacent d’instaurer des contre-mesures
Le transport routier continue de chercher un équilibre à l’intérieur de l’Union européenne. L’application, depuis l’année dernière, en France, en Allemagne et en Autriche notamment, de lois qui imposent désormais aux chauffeurs routiers étrangers opérant sur leur territoire d’être payés au niveau de leur salaire minimum suscite toujours le même mécontentement dans les pays d’Europe centrale et de l’Est. Réunis dans les environs de Prague jeudi, les représentants des gouvernements tchèque et slovaque menacent en réaction d’instaurer des contre-mesures.
Lorsque François Hollande est passé à Prague fin novembre dernier, il avait insisté sur la nécessité de « ne pas séparer l’Europe en zones géographiques ». Avec son homologue Miloš Zeman et le Premier ministre tchèque Bohuslav Sobotka, le président français avait évoqué la question de la parité des salaires pour les travailleurs des différents Etats membres de l’UE.
Depuis, ne serait-ce donc que dans le domaine du transport routier, les choses ont peu ou pas évolué. Dans le cas concret de la France, les conducteurs étrangers qui effectuent du cabotage à l’intérieur de ses frontières sont toujours tenus, conformément à la « loi Macron », d’être rémunérés selon le droit du travail français, et ce dès leur entrée sur le territoire. Concrètement, un chauffeur tchèque devrait donc être payé près de 10 euros de l’heure, au lieu des trois euros qu’il perçoit dans son pays… Pour rappel, le montant du salaire minimum en République tchèque, qui s’élève à 11 000 couronnes (407 euros), est le cinquième le plus faible de toute l’UE.
Mais la France n’est pas le seul pays visé par les menaces des gouvernements tchèque et slovaque. L’Allemagne et l’Autriche, où des règles sociales semblables sont appliquées, le sont également. Prague et Bratislava envisagent donc de réagir. Le Premier ministre Bohuslav Sobotka précise pourquoi :
« Il existe certains services où vous passez régulièrement plusieurs frontières, notamment dans les transports. Insister sur le système actuellement appliqué sous-entend avoir des frais administratifs très élevés et des problèmes bureaucratiques vraiment très importants. »
Autre élément de grogne : lors des contrôles policiers, il est demandé aux chauffeurs internationaux leur contrat de travail traduit dans la langue du pays et différents documents comme leur déclaration de revenus. Et c’est précisément sur ce point-là que Tchèques et Slovaques pourraient réagir, comme le confirme la ministre du Travail et des Affaires sociales, Michaela Marksová :
« Nous pourrions effectivement leur rendre la monnaie de leur pièce. Cela signifie que dès que par exemple un chauffeur autrichien pénétrerait sur notre territoire, nous pourrions exiger qu’il nous présente les mêmes documents traduits en tchèque que ceux qui sont réclamés lorsqu’un chauffeur tchèque travaille et livre en Autriche. »Pour rappel, une dizaine de pays européens, avec à leur tête la Pologne, considèrent toutes ces mesures disproportionnées. Le gouvernement tchèque ne défend cependant pas la même position pour toutes les professions. Il considère en effet que si les employés par exemple d’une société tchèque de bâtiment et construction sont envoyés pour une longue période dans un pays étranger, ils devraient percevoir un salaire dont le montant minimal est équivalent à celui du salaire minimum dans le pays donné.