Trente ans après la disparition des barbelés, un musée du rideau de fer en Tchéquie attire de plus en plus de visiteurs

Photo: Archives du Musée du rideau de fer

C’est une époque que les moins de trente ans n’ont pas connue, celle où les frontières de la Tchécoslovaquie étaient rendues quasi infranchissables par un système de fortifications étanches. Il y a trois décennies, pourtant, après l’effondrement du bloc communiste, commençait le démantèlement du tristement célèbre rideau de fer. Aujourd’hui, en Moravie du Sud, près de la frontière autrichienne, un musée rappelle son histoire et attire de plus en plus de visiteurs.

Photo: Archives du Musée du rideau de fer

« Ce qui surprend le plus, c’est le côté brut, même brutal de cette frontière. »

Petr Pajpach est le directeur du Musée du rideau de fer, à Valtice, en Moravie du Sud, à quelques kilomètres de l’Autriche voisine.

Petr Pajpach,  photo: ČT24
« Nous présentons l’histoire de la frontière depuis 1918 jusqu’à nos jours. Nous abordons donc un peu la période de la Première République tchécoslovaque, mais le cœur de l’exposition concerne le rideau de fer en tant que tel. Nous y présentons un morceau du rideau de fer qui était électrifié à haute tension et qui a causé de nombreuses victimes. »

Le rideau de fer, selon l’expression consacrée popularisée par Winston Churchill, a séparé les pays de l’ouest et de l’est de l’Europe pendant près d’un demi-siècle, avant son démantèlement à partir de janvier 1990.

Photo: Archives du Musée du rideau de fer
C’est en 1948, après le Coup de Prague, qu’il commence à être édifié dans le pays, mais ce n’est qu’au début des années 1950 qu’il devient totalement hermétique, en réaction aux tentatives de fuite de nombreux citoyens tchécoslovaques. La frontière était alors isolée par une zone interdite d’une profondeur de 4 à 10 km, où les rares habitants devaient être munis d’un passeport spécial pour pouvoir s’y rendre. Peu à peu, les villages ont été évacués, avant d’être rasés dans les années 1950. L’ensemble de ce système fortifié représentait en tout 1,5% du territoire tchécoslovaque, ce qui donne une idée de son importance.

Au Musée du rideau de fer de Valtice, outre la reconstitution de permanences des gardes-frontières, la présentation d’uniformes et d’objets d’époque, on trouve aussi des armes sans lesquelles la surveillance de cette bande interdite n’aurait pas été possible. Des armes qui rappellent aussi que ce rideau de fer n’était pas tant une défense contre un quelconque ennemi extérieur, mais plutôt contre les habitants du pays eux-mêmes, condamnés à passer leur vie de l’autre côté, sous peine de la perdre en cherchant à le franchir.

Photo: Archives du Musée du rideau de fer

Aujourd’hui, trois décennies après sa disparition suite à l’effondrement du bloc communiste, l’intérêt pour cette époque révolue est grandissant comme le note le directeur du musée Petr Pajpach :

« Tous les ans, nous accueillons ici entre 7 000 et 8 000 visiteurs. Ces derniers temps, nous avons le plaisir d’avoir de plus en plus de scolaires, du primaire ou du secondaire. Quant aux touristes venus de l’étranger, ce sont souvent des personnes qui viennent rendre visite à des amis tchèques, qui ont entendu parler du musée et qui ont envie de le découvrir. Nous avons eu des visiteurs lointains, d’Australie, d’Amérique, de Chine et du Japon, par exemple. »

Photo: Archives du Musée du rideau de fer
Pour ceux qui souhaiteraient découvrir le vrai rideau de fer, il faut toutefois se déplacer plus loin, à un peu plus d’une heure de voiture :

« Chez nous, il n’y a pas vraiment de vestiges. Mais non loin de la ville de Znojmo se trouve un tronçon du rideau de fer qui est toujours en place. Et en plusieurs endroits de République tchèque, des segments ont été reconstitués afin de rappeler l’histoire militaire du pays. »

Symbole de l’existence de deux mondes en opposition, de deux sphères d’influence, cette frontière quasi infranchissable pendant plus de quatre décennies, composée de plusieurs bandes de barbelés, de miradors et d’un no man’s land, courait sur quelque 930 km le long des frontières avec la RFA et l’Autriche de la Tchécoslovaquie aujourd’hui disparue.

Des vestiges du rideau de fer au région de la ville de Znojmo,  Harold,  CC BY-SA 3.0
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