Trois ans après le début de la guerre en Irak, où en est la République tchèque ?
Ce lundi, un peu partout dans le monde, se sont déroulées des manifestations pour protester contre la guerre en Irak. Trois ans après l'invasion américaine, on est loin d'avoir l'état pacifié et démocratique que souhaitait le gouvernement Bush. Retour à cette occasion sur la position de la RT.
Juste avant d'achever son mandat, le dernier grand acte politique réalisé par l'ancien dissident et dramaturge devenu président, Vaclav Havel, fut de signer avec d'autres anciens pays du bloc de l'Est, une lettre de soutien à Washington qui défendait alors son droit d'intervention en Irak. L'un des arguments avancés pour défendre par la suite la participation de la RT à la coalition avait été la menace brandie d'une présence d'armes de destruction massive en Irak, or nulle arme n'y a été retrouvée, si tant qu'il n'y en ait jamais eu. Radek Khol, spécialiste des questions de sécurité à l'Institut des relations internationales, estime qu'à l'heure actuelle la position officielle de la RT est assez délicate, mais reste cependant dans la lignée de l'administration Bush, qui espère voir l'Irak s'ériger en modèle pour les Etats voisins :
« Après trois ans, la politique officielle de la RT s'est plutôt orientée vers une collaboration pragmatique. Comme les forces de la coalition sont présentes en Irak, que Saddam Hussein a été renversé, il s'agit désormais de rassembler les forces au niveau international pour réussir à stabiliser l'Irak et éviter que le pays ne se désagrège d'après des lignes de fracture religieuses et ethniques, et ce, en soutenant la construction des institutions irakiennes, dans le domaine de la sécurité, notamment avec la constitution d'une armée et d'une police irakiennes. En même temps, la République tchèque est favorable à une vision plus large, en faveur d'un processus réformateur au Proche et au Moyen-Orient, soit une démocratisation progressive des régimes en place. De manière indirecte, elle soutient donc la vision de l'administration Bush selon laquelle l'Irak sera un modèle pour les autres pays. »
Rappelons que la présence tchèque en Irak se caractérise par un contingent d'environ une centaine de policiers militaires, chargés de la formation des forces de sécurité irakiennes, qui avait pris la suite d'une unité chimique et d'un hôpital de campagne.
L'opinion publique, quant à elle, était plutôt défavorable dès le début à l'engagement de la RT dans la coalition, et les innombrables nouvelles faisant état d'enlèvements d'Occidentaux, d'attaques et de morts sur place, n'ont fait que renforcer cette vision négative, même si, contrairement à d'autres grandes capitales européennes, comme Londres ou Rome, les manifestants de lundi en Tchéquie se comptaient plus par dizaines que par milliers comme ailleurs dans le monde. Radek Khol nous a encore fait part de son point de vue sur le traitement médiatique du conflit :
« Je pense que la presse tchèque, mis à part quelques exceptions, a soutenu les opérations de la coalition dès le début, arguant notamment du besoin de stabilité dans la région et de soutenir les Etats-Unis dans une perspective de renforcement de l'alliance entre les deux états, car ceux-ci sont l'allié le plus important. Ce point de vue a-t-il changé ? Je crois que la presse tchèque rapporte des nouvelles plutôt équilibrées : elle ne propose pas qu'une vision rose de la situation en Irak, les articles et les analyses montrent du doigt les problèmes en Irak à l'heure actuelle y compris le fait qu'il est fort possible que l'on ne parvienne pas à maintenir l'unité du pays, que l'opération lancée par les USA a été mal et insuffisament préparée, que même les USA, première et unique grande puissance, ne sont pas capable d'assurer toute seule la transformation du pays. »