Trois ou quatre consonnes qui s’enchaînent

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L’été s’achève, et comme chaque année, la rentrée est un bon moment pour commencer, si ce n’est pas déjà fait, l’apprentissage du tchèque ! Le tchèque du bout de la langue n’en sera que plus savoureux… Nous avons rencontré François, stagiaire à Prague, qui s’est récemment lancé dans l’aventure. Tour d’horizon des principales difficultés.

« A partir de cette semaine, je commence à me mettre à la langue tchèque, même si cela n’est pas facile, mais pour moi, le fait de vivre dans un pays étranger demande tout d’abord de comprendre la langue du pays pour mieux comprendre les gens. C’est à moi de faire l’effort, c’est moi qui viens, donc c’est à moi de faire l’effort de parler leur langue. »

François semble motivé, décidé à apprendre à comprendre ce qui se dit autour de lui. Ecoutons-le détailler sa démarche :

« Tout d’abord, j’ai mon dictionnaire – le slovník, comme on dit en tchèque. Ensuite, j’ai un petit manuel pour les phrases courantes, les formules de politesse, les mots courants, par exemple les aliments, ou bien quand on va au restaurant. Enfin, j’ai une méthode Assimil pour le tchèque, donc, j’ai commencé à étudier tout seul, je me fais des fiches de lecture, à l’aide d’un répertoire, je répertorie les différents mots, j’ai commencé à apprendre les conjugaisons. Ce que je vais demander, surtout, pendant les cours de tchèque, c’est la prononciation, parce que la grande différence entre la langue française et la langue tchèque, c’est qu’en tchèque, par exemple, il y a des lettres avec des accents qui ont des sonorités différentes, donc c’est surtout ça que je vais demander, et aussi la grammaire. »

Des lettres avec des sonorités différentes. François veut certainement parler de ces quelques lettres qui se prononcent différemment en tchèque. Pour citer des lettres que nous connaissons, vous savez certainement qu’on roule les « r » en tchèque. Le « h » et le « ch » sont également difficiles à prononcer pour les français, puisque ces sons n’existent pas dans notre langue : le « h » se « crache » et le « ch » s’aspire… et attention à ne pas les confondre, vous risqueriez de dire une énormité comme « je m’arrange à pied » plutôt que « je marche à pied » ou « cette date me marche » plutôt que « cette date m’arrange » - différenciez donc le verbe « hodit » - arranger, du verbe « chodit » - marcher !

Enfin, il ne faut pas avoir peur de ces petites vagues que l’ont voit sur certaines consonnes – ces accents circonflexes à l’envers que l’on appelle en tchèque háček, littéralement crochet. Ils « mouillent » la consonne qu’ils accompagnent – ainsi le « s » avec l’accent, « š“, se prononce « ch », le « ž » se prononce « j », le « č »« tch »… sans oublier la lettre nationale, celle qui n’existe qu’en tchèque – paraît-il que les Slovaques ne savent pas la prononcer : le « ř », une curiosité entre le « j » et le « r » roulé. Entraînez-vous le matin sous la douche ou dans le tram’, ce n’est pas si difficile et vous impressionnerez plus d’un Tchèque, persuadé que la prononciation du « ř » est réservée aux natifs… Vous pouvez vous entraîner à l’aide d’expressions utiles comme « co říkáš ? » - « que dis-tu ? », « to je dobře ! » - c’est bien !, ou, plus utile encore, « řecká řeka » - « la rivière grecque ». Mais au fait, où en est François dans son apprentissage ?

« J’ai une heure et demie de cours par semaine pendant deux mois, et je vais essayer de faire l’effort, petit à petit, sur mon chantier, de commencer à parler tchèque, cela n’est pas gagné. Mais si mes collaborateurs peuvent m’aider à me corriger et à progresser, j’espère, pourquoi pas, à la fin, quand je partirai, au moins leur adresser un message de remerciement en tchèque, c’est ça mon objectif final. »

Nous avons enfin demandé à François ce qui l’intriguait le plus dans la langue tchèque.

« Pour moi, la langue tchèque, c’est l’inconnu. Par exemple, je mange avec mes collègues le midi, et, à la vitesse où ils parlent, je suis incapable de comprendre, mais c’est vrai que si un jour je pouvais être capable de m’immiscer dans la conversation, ça pourrait être très intéressant. Mais c’est vrai qu’il y a de véritables difficultés, par exemple pour l’enchaînement de certaines consonnes… Je vais donner un exemple, je n’arriverai pas à le prononcer, le mot « glace », c’est ‘shmzinou’ ? ‘Zmrzlina’ ? Quand j’ai vu ça, j’ai été étonné parce qu’il y avait trois ou quatre consonnes qui s’enchaînaient, ce qui est tout à fait différent du français. »

Et c’est sur cet enchaînement de cinq consonnes en réalité que se referme ce « Tchèque du bout de la langue ». En attendant de vous retrouver la semaine prochaine, entraînez-vous donc sur le mot zmrzlina, en imaginant que vous la dégustez sur les bords d’une rivière grecque – řecká řeka, portez-vous du mieux possible – mějte se co nejlíp !, portez le soleil en vous – slunce v duši, salut et à bientôt – zatím ahoj !