Un appel de Prague : les crimes du communisme doivent être imprescriptibles

Václav Havel, Jiří Stránský, Jana Hybášková, photo: CTK

Les crimes du communisme en tant que crimes contre l’humanité sont appelés à être imprescriptibles. Tel est l’un des constats dressés pendant la conférence internationale intitulée « La conscience de l’Europe et le communisme » que Prague accueillait ces lundi et mardi.

234 personnes exécutées, plus de 560 personnes tuées lors des tentatives de franchissement des frontières, près de 10 000 personnes mortes dans des camps, 1 800 personnes portées disparues, 240 000 personnes condamnées dans des procès politiques. Tel est le bilan de plus de quarante ans de régime communiste dans l’ancienne Tchécoslovaquie. Les chiffres établis par le Bureau de documentation et d’enquête des crimes du communisme ont été rappelés lors de la conférence « La conscience de l’Europe et le communisme» pour étayer la revendication d’imprescriptibilité des crimes du communisme. Un des autres objectifs formulés pendant les débats est de sensibiliser l’opinion publique, notamment celle de l’Occident, sur la vraie nature du communisme. Pourquoi ? La réponse du sénateur Martin Mejstřík, un des promoteurs de la conférence :

« L’Europe occidentale, qui n’a pas connu de sa propre expérience le communisme, estime trop souvent que l’idée est bonne, mais que sa réalisation a été mauvaise. En revanche, nous savons et sommes convaincus que l’idée communiste est inhumaine et mauvaise de par sa nature, qu’elle est aussi monstrueuse que le nazisme car les deux idéologies sont basées sur la haine, l’une à l’égard des races, l’autre à l’égard des classes… On peut dire que dans une grande mesure, l’Occident ne se doute absolument pas de ce que le communisme représentait. »

Václav Havel,  Jiří Stránský,  Jana Hybášková,  photo: CTK
Plusieurs témoignages emplis d’émotion d’anciens prisonniers politiques, tchèques ou venus d’autres anciens pays satellites du bloc soviétique, ont retenti pendant la conférence. Pour l’écrivain tchèque Jiří Stránský, 76 ans, qui a passé dans les années cinquante sept ans en prison, il est extrêmement important de communiquer l’expérience vécue à la jeune génération. Pour donner suite à cet objectif, il donne régulièrement des conférences dans des écoles, explique et discute :

« Force m’est de constater que l’intérêt des enfants et des jeunes est souvent incroyable. Leurs questions sont curieuses ou initiées, en dépit du fait qu’il s’agit de choses qu’ils n’arrivent pas à imaginer, car ils appartiennent à une génération qui est entièrement libre et la non liberté dépasse leur imagination. Je rencontre des écoliers et des étudiants âgés de dix à vingt ans et je discute avec eux. Grâce à mes récits et grâce à d’autres projets qui sont désormais mis en œuvre, ils commencent à réaliser ce qu’était réellement le communisme ».

L’eurodéputée tchèque Jana Hybášková souhaite, quant à elle, que le communisme soit condamné par la justice européenne. Des auditions de la Commission européenne permettraient d’y contribuer.