Un appel indirect à Slobodan Milosevic
En ce début de semaine, Vaclav Havel a profité de son séjour en Croatie pour rencontrer, à Dubrovnik, les présidents de trois pays balkaniques. Un résumé de Jan Uhlir.
C'était, dans une certaine mesure, un sommet hors du commun, celui réunissant, cette semaine, le Président tchèque avec ses homologues de Croatie, de Slovénie et du Monténégro. Hors du commun du fait qu'il n'a pas rassemblé des chefs d'Etat d'une alliance ou d'une autre structure politico-militaire ; sans pour autant être fortuit.
Ces derniers temps, on observe en effet un nouveau foyer de tension se créer dans les Balkans. La récente modification de la constitution fédérale de Yougoslavie, à première vue fort discriminatoire à l'égard du membre mineur de la fédération, le Monténégro, en pourrait être le déclencheur. Il est, donc, légitime que le chef de ce pays menacé, Milo Djukanovic, trouve utile de consulter ses homologues croate et slovène, respectivement Stipe Mesic et Milan Kucan. Représentants de deux pays qui ont déjà eu affaire à l'esprit agressif de leur voisin serbe, Slobodan Milosevic. Sous cette optique, qui s'impose logiquement, la présence du Président tchèque revêt inévitablement une signification particulière.
Vaclav Havel, on le sait, n'a pas l'habitude de mâcher ses mots. C'est d'ailleurs à plusieurs reprises qu'il a déjà critiqué le régime de Belgrade. En réalité chaque fois que celui-ci ait procédé à la violence vis-à-vis de la population. Que c'eût été en Croatie, en Bosnie ou, dernièrement, au Kosovo. Ce qui est toutefois nouveau, c'est qu'à Dubrovnik, il a adressé des mises en garde à Milosevic préventivement, donc avant même qu'un conflit latent n'ait éclaté. Etant conscient, en plus, que ses propos auraient un beaucoup plus grand poids qu'auparavant. Du simple fait qu'il les prononçait en qualité d'un chef d'Etat d'un pays membre de l'Otan.
Lors d'un point de presse, à Dubrovnik, le Président tchèque a dit carrément, entre autre, qu'une démonstration de force était l'une des alternatives, possibles d'envisager afin d'éviter une nouvelle guerre civile sur la péninsule balkanique. Aux observateurs, et à Slobodan Milosevic, de s'interroger, s'il a exprimé un avis strictement personnel ou s'il a dû au préalable consulter Bruxelles.