Face à la menace migratoire, la Tchéquie veut une adhésion rapide des Balkans à l'UE
La République tchèque continuera à aider les pays des Balkans à maîtriser les flux migratoires. Voilà ce qui a été annoncé par le chef de la diplomatie Lubomír Zaorálek qui s’est entretenu sur le sujet avec ses homologues hongrois, polonais et slovaque, mardi à Varsovie. Souhaitant que l’Europe du sud-est devienne une région stable et plus résistante à la migration, le groupe de Visegrad (V4) a réitéré son soutien à une adhésion rapide de six pays des Balkans occidentaux à l’Union européenne.
Avant cela, les pays du groupe de Visegrad ont fortement appuyé l’intégration à l’UE des Etats des Balkans de l’Ouest, à savoir l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, la Serbie, la Macédoine, le Monténégro et le Kosovo. Une intégration aussi rapide que possible est souhaitée. Le ministre hongrois des Affaires étrangères Peter Szijjarto a lié ce soutien au problème des migrations :
« Nous ne savons pas si l’Europe ne sera pas confrontée à une nouvelle vague de migrants en provenance des Balkans. Il faut protéger les pays des Balkans occidentaux du sud. Nous voulons que ces pays soient forts de façon à ce qu'ils puissent protéger l’Europe. »Cette position est partagée par la République tchèque. Tandis qu'une quarantaine de policiers tchèques opèrent en Macédoine, Prague vient également d’octroyer un peu plus d'un millions d'euros à la Bulgarie et à la Jordanie, une somme destinée à renforcer les contrôles à la frontière bulgaro-serbe, ainsi que l’aide aux immigrés syriens en Jordanie.
Présidente de la sous-commission pour la migration et la politique d’asile à la Chambre des députés, Helena Langšádlová précise la forme que pourrait désormais prendre l’aide tchèque :
« Tout dépendra de l’évolution de la situation. Actuellement, je trouve particulièrement important que la République tchèque participe au contrôle de la frontière gréco-macédonienne. Elle pourrait fonctionner comme barrière si les relations avec la Turquie venaient à se détériorer et que le flux migratoire se renouvelait. Notre future assistance peut prendre différentes formes. Il peut s'agit de l’envoi de policiers et de soldats, d’une aide financière ou encore d’une aide humanitaire. »Si la « route des Balkans », cette voie que des centaines de milliers de personnes ont empruntée l’année dernière pour trouver refuge en Europe, se renouvelle, la République tchèque fera des efforts pour aider la Serbie. C’est du moins ce qu’a annoncé le président Miloš Zeman lors de sa récente rencontre à Prague avec son homologue serbe Tomislav Nikolic. Le président Zeman a rappelé que Prague soutenait l’adhésion de la Serbie à l’UE, une adhésion toutefois compliquée par le refus de Belgrade de reconnaitre l’indépendance du Kosovo et de s’aligner sur les sanctions de l’UE contre la Russie.
« Nous comprenons absolument l’attitude de la Serbie qui s'efforce d’entretenir des relations amicales avec tous les grands pays et n’a pas recours à des mécanismes de sanctions, même si cela met le pays en difficultés au niveau international », a souligné le président tchèque.
La République tchèque, de même que la Hongrie, la Pologne et la Slovaquie, ont formulé, à Varsovie, leurs inquiétudes relatives à l'évolution de la situation en Turquie. Ces inquiétudes tiennent au fait que le président Recep Tayyip Erdogan a réagi à un éventuel gel des négociations d’adhésion de la Turquie à l’UE en menaçant l’Europe d’ouvrir les frontières turques et de laisser passer des milliers de migrants en Europe. On écoute Helena Langšádlová :« La première chose est que l’évolution en Turquie est assez imprévisible. Ce qui est important, c’est ce lien fort qui existe entre la Turquie et l’UE. La Turquie a besoin de l’Europe qu’elle envisage de rejoindre depuis longtemps. Les pays européens doivent renforcer leurs relations économiques avec la Turquie et respecter l’accord conclu en mars avec Ankara, l’accord censé endiguer le flux de migrants. »