Un coup dur des autorités tchèques contre les néonazis

Photo: CTK

Samedi soir, une trentaine de néonazis tchèques sont descendus dans les ruelles du centre de Prague. Prêts à traverser, les flambeaux en mains, l'ancien quartier juif, ils se retrouvent face à face avec plusieurs centaines de Pragois, avec des policiers et des représentants de la municipalité. Mais aucun drame ne se produit : au dernier moment, la mairie interdit aux extrémistes de s'approcher des synagogues. Magdalena Segertova a suivi l'événement.

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Au soulagement général, les néonazis masqués ont obéi à l'appel des autorités. Rassemblés place Franz Kafka, dans le 1er arrondissement pragois, ils montent vers la place Venceslas, au lieu de se diriger vers le quartier historique et très touristique de Josefov. Ils scandent : "la Tchéquie aux Tchèques" et "rien que la nation"... Leur manifestation se termine en fin de soirée. Les anarchistes, antifascistes, et membres de la communauté juive, venus protéger le quartier juif, regagnent, eux aussi, leurs domiciles. Tout s'est bien terminé. Mais le sentiment général est que le danger de l'antisémitisme demeure présent. En République tchèque, comme ailleurs.

La presse tchèque diffuse informe de la manifestation pragoise, tout en rappelant les récentes attaques contre les synagogues en France, en Belgique, aux Pays-Bas... Les extrémistes de droite tchèques prétendent protester contre l'holocauste. Mais à leurs yeux, l'holocauste signifie "les massacres de Palestiniens, commis par Israël". Pour l'Unité libérale juive, c'est une provocation sans précédent depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Les médias sont d'accord. "L'antisémitisme tchèque a durci sa position", constate, non sans inquiétude, le quotidien Pravo. Et il continue : "Ce groupe qui scandait 'la Tchéquie aux Tchèques' ne s'intéresse point au sort des Arabes palestiniens. La situation au Proche Orient lui a servi de prétexte pour sa provocation. Il était très rassurant d'entendre la municipalité de Prague interdire ce divertissement et plus rassurant encore de voir ces foules de Pragois, décidées de ne pas laisser passer les extrémistes dans le quartier", conclut le journal. Le quotidien Mlada fronta Dnes ajoute : "Les têtes rasées disent : nous aussi, nous avons nos droits et nos libertés. Oui, mais leurs libertés dévorent celles des autres. Enfin, l'Etat l'a compris."

Auteur: Magdalena Segertová
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