Un laboratoire du design
Dans le cadre des "Journées du design", qui ont lieu ces jours-ci dans la capitale tchèque, on a inauguré, à l'Institut français de Prague, une exposition intitulée "Biodiversity". L'auteur de l'exposition, Matali Crasset, jeune vedette du design français, est venue à cette occasion pour présenter ses oeuvres au public et aux journalistes. Elle a répondu aussi à quelques questions de Vaclav Richter.
Est-ce que vous avez votre propre définition du design et du designer?
"Non. C'est bien et pas bien que le design soit aussi flou. Moi, j'aime bien en fait qu'il n'y ait pas de définition, parce que ça change tous les jours. Comme je ne donne pas vraiment de limites à mon travail, ça dépend vraiment du contexte, ça dépend des gens avec lesquels je développe des projets. J'aime bien cette idée qu'un métier n'ait pas vraiment des frontières nettes, chacun à sa façon va le définir au quotidien. Je préfère ce genre de définition du design."
Vous avez apporté à Prague une exposition qu'on peut voir à l'Institut français. Est-ce que vous pouvez la présenter sommairement à nos auditeurs?
"C'est une idée assez simple, je travaille depuis dix ans dans le domaine du design. J'ai rassemblé dans cette exposition tout ce qui concerne le végétal. Je m'en suis aperçue, et j'ai été la première étonnée de ne pas avoir fait beaucoup de projets autour de ça. Mon idée est de faire une espèce de laboratoire. Je ne sais pas si c'est un laboratoire ou en même temps la matière à réfléchir sur la thématique qui nous occupe aujourd'hui. C'est à dire: Qu'est-ce que c'est le naturel, qu'est-ce que c'est l'artificiel, est-ce qu'il faut être plus naturel, ou au contraire est-ce qu'il faut accepter le fait qu'on génère l'artificiel et donc contrôler plus ce qu'on génère? Il y a aussi une question qui m'habite : Pourquoi les gens aiment la nature? Moi, j'ai envie de faire un travail qui est accessible, qui plaise à beaucoup de gens, et je me suis aperçue que quand je passais par le filtre de la nature, j'avais l'impression que les gens comprenaient plus facilement. En fait, je prend cette thématique de la nature pour essayer d'être plus accessible aux gens."
Avez-vous déjà eu l'occasion de vous promener dans les rues de Prague pour voir quel est le rôle du design moderne chez nous?
"Je me suis baladée, il y a deux ans, à Prague pour la première fois. C'était ma première venue. Donc, j'ai trouvé que c'est une ville très intéressante, parce qu'en même temps il y a le passé qui est bien présent, et c'est aussi une ville qui est tournée vers le présent et le futur. Je trouve que c'est une ville qui est très équilibrée dans le sens où il y a une espèce de sens commun du développement de cette ville. Quand on voyage on s'aperçoit que c'est beaucoup trop chaotique, qu'on n'a pas réussi à faire la liaison entre le passé et le présent, tandis qu'à Prague il y a une idée de cohérence qui m'a frappée et qu'on retrouve dans peu de villes maintenant."