Un nouveau livre de Milan Kundera est paru en France
"Un essai sur le roman par un de ses maîtres," c'est ainsi que Marie-Laure Delorme, critique littéraire du quotidien français Le journal du dimanche, présente à ses lecteurs le dernier livre de Milan Kundera, Le rideau, qui arrive ces jours-ci sur les présentoirs des bonnes librairies des villes universitaires, avant, gageons-le, de faire, comme ses livres précédents, un voyage autour du monde en plusieurs langues.
En effet cet essai de Milan Kundera qui explore en sept parties l'univers du roman et ses liens avec la réalité quotidienne au titre prophétique - Le rideau - arrive dans les mains des lecteurs français à un moment exceptionnel, à l'instant même où le monde contemporain dit son dernier adieu au prêtre polonais devenu pape, Jean-Paul II. "Lisez Le rideau, il n'est pas si fréquent de pouvoir réfléchir en si bonne compagnie à la vie, à l'histoire et au roman, et à ce que seul le roman peut découvrir et dire", écrit Daniel Rondeau dans les pages littéraires de l'hebdomadaire parisien l'Express. Le philosophe français Alain Finkielkraut veut voir avec Milan Kundera encore plus loin, je cite: "Tandis que le philosophe installe l'homme dans le monde comme sujet souverain, le romancier, discrètement, le détrône et le rappelle à l'ordre de la finitude. Nous sommes, nous autres modernes, les héritiers de ces deux gestes contradictoires."
Les premières analyses du dernier essai de Milan Kundera nous annoncent, comme c'était d'ailleurs le cas avec ses livres précédents, non seulement un succès de vente mais surtout une discussion sur le fond, comme l'exprime si bien l'écrivain espagnol Juan Goytisolo, vivant, lui aussi, à Paris, dans le Nouvel observateur de cette semaine : « Il y a des ouvrages dont la nécessité s'impose avant même qu'on ait tenté de les écrire. "Le rideau" de Milan Kundera est l'un de ceux-là. Ce livre qui résume les réflexions antérieures de l'écrivain, recueillies dans 'L'Art du roman' et dans 'Les Testaments trahis' projette un faisceau de lumière crue sur une vaste nécropole d'oeuvres éphémères à partir d'une observation faite en 1932 par Jan Mukarovsky, l'une des figures les plus marquantes du Cercle de Prague. Seule une hypothèse d'une valeur esthétique objective donne un sens à l'évolution historique de l'art. » Et l'auteur du 'Livre du rire et de l'oubli' d'ajouter: « Si la valeur esthétique n'existait pas, l'histoire de l'art ne serait qu'un immense entrepôt d'oeuvres dont l'ordre chronologique n'aurait aucun sens. Inversement, la valeur esthétique d'un art n'est perceptible que dans son contexte historique. »