Un nouveau site Internet pour rechercher les tombes des soldats tchèques
La Russie, la France, l’Egypte, la Chine, le Canada, ou le Japon… dans tous ces pays et d’autres encore sont inhumés les soldats tchécoslovaques qui ne sont jamais revenus des deux guerres mondiales. Un nouveau site Internet du ministère de la Défense, rendu accessible au public ces jours-ci, permet de rechercher des informations sur les soldats tchécoslovaques tués, d’identifier le lieu de leur dernier repos, et de se renseigner sur les combats au cours desquels ils ont perdu la vie.
18 274 soldats tchécoslovaques sont tombés sur les champs de bataille des deux guerres mondiales. Leurs tombes se trouvent disséminées dans 28 pays du monde, leur plus grand nombre ayant été répertorié en Slovaquie, en Italie, en Pologne, en France, en Grande-Bretagne, en Russie et en Ukraine. On écoute Imrich Vetrák, chef du département chargé de l’identification et de la recherche des tombes de soldats à l’étranger :« En ce qui concerne les tombes de la Première Guerre mondiale, elles ont été préservées notamment en Italie, en France, et en Pologne. En revanche, elles ont aujourd’hui pratiquement disparu en Russie, et la situation est pareille en Ukraine. Pour ce qui est de la Deuxième Guerre mondiale, les tombes tchécoslovaques ont été identifiées le long de l’avancement de nos armées sur le front russe. Les tombes des pilotes tchécoslovaques se trouvent en Grande-Bretagne, à Brookwood par exemple, et aussi en France. De très nombreuses tombes marquent le champ de bataille de Dukla, en Slovaquie, près de la frontière polonaise. Les tombes de soldats tchécoslovaques couvrent pratiquement tout l’hémisphère nord, du Japon jusqu’au Canada… » Le principal débat est mené autour des tombes tchécoslovaques en Russie où seuls trois lieux du dernier repos de légionnaires tchécoslovaques de la Grande guerre sont connus aujourd’hui. Des centaines de tombes tchécoslovaques s’étendant sur un immense territoire entre la Volga et l’Océan Pacifique n’ont pas survécu au régime communiste soviétique, souligne Imrich Vetrák :« La quasi-totalité des tombes de la Première Guerre mondiale en Russie a été anéantie. A leur emplacement se trouvent aujourd’hui des usines, des quartiers d’habitation. Les rares tombes épargnées sont celles des cimetières. Le cas le plus connu est celui de la ville de Vladivostok où les tombes des légionnaires tchécoslovaques de la Première Guerre mondiale ont été préservées et restaurées. » Dans d’autres lieux du dernier repos en Russie, comme celui près du lac Baïkal où une cinquantaine de légionnaires tchécoslovaques étaient enterrés, il ne subsiste aujourd’hui que quelques fragments de pierres tombales sur un terrain embroussaillé. Le ministère de la Défense projette de reconstituer une quarantaine de tombes tchécoslovaques en Russie. Parallèlement à cela, il va continuer à compléter son site Internet, observe le chef du département chargé du projet, Imrich Vetrák :« Le projet d’indentification des tombes à l’étranger est mené au ministère de la Défense depuis 2007. Les résultats rendus publics sur notre site Internet ne représentent qu’une partie de la base de données réunie. La partie destinée au grand public sera complétée de photos historiques et de contacts auxquels le public pourra envoyer ses remarques. De nouveaux témoignages recueillis seront publiés sur le site. De cette manière, tout le monde pourra participer à ce projet qui sera en même temps placé sous un contrôle permanent du public. » D’ores et déjà, le site est complété chaque semaine avec des données inédites parfois bien surprenantes. Ainsi, parmi les Tchécoslovaques ayant combattu pendant la Seconde Guerre mondiale en Libye, un volontaire avait moins de 18 ans au moment où il a été tué par une mine lors du siège de Tobrouk. Avec quinze autres Tchécoslovaques, il est inhumé au cimetière militaire de la ville. Autre surprise : la découverte des tombes de 21 légionnaires tchécoslovaques à Harbin, ville de province dans le nord-est de la Chine. L’explication est la suivante : la Russie tsariste a loué pour 99 ans à la Chine une partie du territoire traversé par le Transsibérien, la fameuse voie ferrée reliant sur plus de 9 000 km Moscou à Vladivostok et par lequel les légionnaires se retiraient devant l’offensive de troupes bolchéviques. Sur les 18 274 soldats tchécoslovaques tombés lors des deux guerres mondiales, on ignore toujours le nom et les circonstances de la mort de 13 544 d’entre eux. Les chercheurs espèrent que les numéros anonymes répertoriés dans le fichier du ministère de la Défense seront un jour identifiés, grâce également au nouveau site Internet et au concours du public. Ils espèrent entre autres pouvoir enfin retrouver le tombeau de František Gellner, poète anarchiste porté disparu sur le front de Galicie, région historique sur le territoire de l’actuelle Ukraine.
Pour en savoir plus sur les tombes des soldats tchécoslovaques à l’étranger, consultez le site : www.valecnehroby.army.cz.