Un pas sur le long chemin de la restitution des biens aux Eglises

Les négociations sur la restitution des biens aux Eglises en République tchèque se poursuivent depuis de longues années sans aboutir à de résultats concrets. Lundi, cependant, la Commission gouvernementale chargée du règlement des rapports entre les Eglises et l’Etat a présenté un projet qui pourrait, au moins, servir de base pour de prochaines négociations.

Les biens des institutions religieuses en République tchèque ont été confisqués par le régime communiste, et les Eglises ont ensuite été soumises au contrôle de l’Etat. Après la chute du communisme, plusieurs gouvernements de droite comme de gauche se sont attaqué à ce problème, mais la volonté politique de trouver une solution manquait. Les négociations ont donc toujours sombré dans l’impasse et ces échecs n’ont fait qu’approfondir le fossé existant entre les institutions religieuses et la population sécularisée. Vingt-deux ans après la chute du communisme, la République tchèque manque toujours d’une loi sur le règlement des rapports de propriété entre les Eglises, les associations religieuses et l’Etat. En 2010, cette situation a été jugée illégale par la Cour constitutionnelle.

Dans son dernier projet présenté lundi, la commission gouvernementale propose de restituer aux Eglises 56 % de leurs biens, notamment champs, forêts et étangs, d’une valeur totale de 75 milliards de couronnes (quelque 3 milliards d’euros). En compensation des biens qui ne pourraient pas être restitués, l’Etat verserait aux Eglises un dédommagement de 59 milliards de couronnes (2,4 milliards d’euros). Les paiements seraient réalisés sur une période de 15 à 30 ans. Le ministre de la Culture, Jiří Besser, considère ce projet comme susceptible de faire avancer les choses :

Jiří Besser
« Maintenant, c’est au tour des Eglises. Nous nous sommes mis d’accord sur le fait que les membres de toutes les commissions devraient être prêts à poursuivre les négociations même pendant la période des vacances. Nous espérons que les Eglises nous feront connaître leur position sur notre proposition avant fin juillet. »

L’attitude des représentants des religions vis-à-vis du projet semble plutôt positive. Le président du Conseil œcuménique des Eglises, Joel Ruml, rappelle cependant que les négociations n’en sont qu’à leur début :

Joel Ruml
« Nous avons reçu ce projet avec gratitude parce qu’il met fin aux spéculations. Maintenant nous pouvons négocier tous ensemble, les experts de toutes les Eglises et associations religieuses, et, si cela est nécessaire, également avec les experts de la commission gouvernementale. Pour nous, c’est donc un pas en avant et le début d’un travail créateur. »

L’opposition de gauche se montre assez réticente vis-à-vis des négociations organisées par le gouvernement. Elle considère ce problème comme un grand thème nécessitant un consensus de tous les partis politiques. Selon le candidat social-démocrate au poste de ministre de la Culture, Vítězslav Jandák, il ne faut pas brusquer les choses :

« Je suis sceptique en ce qui concerne la dernière évolution. Je pense que les Eglises ont déjà attendu assez longtemps et que nous pourrions encore négocier avec elles en leur expliquant que l’Etat se trouve dans une situation difficile et que la solution à ces problèmes pourrait être un peu différée. »

Parmi les arguments souvent cités pour la restitution des biens aux Eglises figure notamment le fait que, dans la situation actuelle, l’exploitation de ces biens dans les communes et les villes est pratiquement impossible, ce qui est la cause d’importantes pertes économiques. La restitution de ces biens est également indispensable pour la future séparation entre les Eglises et l’Etat.