Un précédent dans la liberté de la presse

Helena Vondrackova, photo: CTK
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La Cour constitutionnelle tchèque vient d'annuler le verdict de la Cour suprême dans une affaire d'information calomnieuse qu'un journaliste aurait proféré à l'égard d'une vedette de la musique pop.

Helena Vondrackova,  photo: CTK
L'affaire s'est déroulée en l'an 2000, l'année du grand retour sur la scène de la pop musique tchèque de la vedette Helena Vondrackova, après un certain retrait dû aux changements qui avaient eu lieu depuis la chute du communisme, en 1989. La grande et belle Helena, chérie des uns, maudite des autres avait fait un « come back » fulgurant avec un disque résonnant aux rythmes de la fin des années quatre-vingt-dix, tout de suite adopté par les radios et les chaînes de télévision. Les commentaires, dans les médias, étaient naturellement nombreux, car Helena Vondrackova était vraiment une star tchèque, depuis le début des années soixante-dix.

Jan Rejzek,  photo: CTK
Jan Rejzek, critique musical et journaliste, avait fait une déclaration quelque peu malheureuse à l'égard de Vondrackova, déclaration vraie ou fausse, mais publiée par le quotidien à grand tirage, Lidove noviny. Selon Rejzek, la star serait revenue sur le devant de la scène grâce à ses contacts avec le milieu mafieux qui l'aurait imposé sur la scène de la musique pop tchèque, dans les années soixante-dix et quatre-vingt. Helena Vondrackova l'avait mal pris et avait porté plainte, demandant des excuses personnelles et publiques. Cinq années de bataille juridique ont passé : verdict en faveur du journaliste tout d'abord à la cour municipale de Prague, condamnation du journaliste Jan Rejzek à s'excuser par la cour supérieure de Prague, confirmé par la Cour suprême. Le journaliste a porté plainte à la Cour constitutionnelle. Celle-ci lui a donné raison et a annulé les verdicts des cours inférieures. Pour les magistrats constitutionnels, ces dernières n'avaient pas pris en compte les diverses significations du mot « mafia ». En langage courant, il peut s'agir de la mafia italienne, l'organisation du crime organisé, mais aussi de l'utilisation des bons contacts, des « pistons », comme on dit, caractérisés par des pratiques quelque peu ténébreuses souvent, mais n'ayant rien à voir avec le crime organisé. Le journaliste n'a exprimé qu'une appréciation des valeurs, qui ne peut être prouvée ou réfutée, à la différence d'une affirmation de fait, ce qui n'était pas le cas dans cette affaire. En plus de cela la discussion sur le thème de la pop musique tchèque est une chose publique. Les opinions, même exagérées doivent être tolérées et protégées, au nom de la liberté de la presse.

Ce précédent, dans une affaire de la liberté d'expression, est accueilli avec satisfaction par le journaliste Jan Rejzek qui s'est d'ailleurs déjà excusé auprès de la chanteuse. Par contre, Helena Vondrackova affirme que le verdict de la Cour constitutionnelle est scandaleux, et elle compte porter plainte contre l'Etat tchèque, auprès de la Cour de Strasbourg.