Un projet spectaculaire de l’architecte Eva Jiříčná suscite l’ire de défenseurs du patrimoine pragois
Un ambitieux projet architectural pour le quartier de Žižkov à Prague a récemment été dévoilé. Conçu par l’architecte britannique d’origine tchèque, Eva Jiříčná, le projet de développement ne plaît toutefois pas à une association de défenseurs du patrimoine pragois.
Aujourd’hui, la zone concernée autour de la rue Olšanská, à Žižkov, est surnommée avec humour Mordor, en référence au fief inhospitalier du seigneur maléfique Sauron, dans le Seigneur des Anneaux. C’est dire si l’agencement urbanistique de cet espace est peu attractif à l’heure actuelle, avec ses grands bâtiments de télécommunication rectangulaires datant de la fin des années 1970.
La société Central Group qui a racheté le site en 2017 entend transformer le site en quartier résidentiel, avec parc, fontaine, école, squares de jeu, magasin, restaurants et cafés.
Et c’est l’architecte britannique d’origine tchèque Eva Jiříčná, 80 printemps cette année, qui a remporté le concours international organisé à cet effet. Un projet sélectionné parmi une centaine d’autres issus de 30 pays différents.
Ce projet prévoit notamment la construction de trois tours d’habitation circulaires, particulièrement frappante en raison de l’ondulation de leur façade.Le projet doit toutefois encore obtenir le feu vert de la municipalité qui doit modifier son plan territorial.
Or une association de défenseurs du patrimoine de la capitale tchèque, le Club pour la vieille Prague, a exprimé son désaccord avec les plans proposés par Eva Jiříčná et appelé la ville de Prague à ne pas soutenir le projet.
Une des raisons principales de cette désapprobation : la hauteur des tours, problème récurrent pour tout projet architectural à Prague, notamment parce que le site fait encore partie de la zone protégée de la capitale tchèque. L’actuel bâtiment de télécommunication, qui doit être liquidé en raison de la présence d’amiante, mesure 85 mètres de haut, la tour de télé de Žižkov située non loin de là compte 11 mètres de plus. Dans son projet, Eva Jiříčná a pourtant respecté la hauteur recommandée par le plan de la ville, soit moins de 100 mètres de haut.
De nombreux défenseurs du patrimoine arguent toutefois qu’il s’agit également d’une question de panorama. Certains représentants municipaux craignent le développement exponentiel de projets de hautes tours dans le quartier, qui viendraient modifier radicalement la ligne d’horizon pragoise.