Un regard tchèque sur le Festival international du film de Cannes

Eva Zaoralova (Photo: CTK)

Tradition oblige, cette année encore, la République tchèque n'a pas été représentée dans la compétition du Festival international du film de Cannes. N'empêche que l'événement a été rigoureusement suivi par les médias nationaux, dont beaucoup avaient leurs correspondants sur place... Mme Eva Zaoralova porte un regard sur la dernière édition du Festival de Cannes, en tant que critique de cinéma et en tant que directrice exécutive du Festival du Film de Karlovy Vary.

Eva Zaoralova  (Photo: CTK)
« Je dois dire que, par rapport à l'édition de l'année dernière du festival de Cannes, il y avait, cette fois-ci, moins de films très très intéressants. Il y avait bien sûr de bon films, mais aussi ceux qui l'étaient moins. J'ai beaucoup apprécié le film turc qui a gagné le Grand prix et le film l'Eléphant, qui a reçu la Palme d'or et le Prix de la mise en scène. C'est donc un grand succès pour le cinéaste américain indépendant, Gus Van Sant. J'ai aussi beaucoup apprécié le film Dogville de Lars von Trier qui, malheureusement, n'a pas été récompensé ».

A propos du dernier film du célèbre réalisateur danois, une autre critique de cinéma tchèque, Tereza Brdeckova, se pose, dans le prestigieux hebdomadaire Respekt, la question suivante : Lars von Trier est-il un grand artiste ou bien un grand manipulateur, et de continuer plus loin, je cite :

Gus Van Sant  (Photo: CTK)
« L'histoire du film « Dogville » est présentée de façon glaciale et cynique. C'est là l'une des raisons, pour lesquelles von Trier ne sera probablement jamais aussi grand que Polanski, qui sait merveilleusement travailler avec le cynisme, en tant que moyen d'expression, depuis cinquante ans déjà - tout en respectant les principales valeurs humaines et le principe de l'espoir. Une grande oeuvre artistique ne peut exister là où manque de l'espoir et de la compassion, que cela plaise aux postmodernistes ou pas. »

Le film tchèque a donc été absent au Festival international du film de Cannes. Eva Zaoralova explique.

« Je ne dirai pas qu'il s'agit vraiment d'une question politique, mais force est de constater qu'aucun pays de l'Est n'a été représenté dans la compétition, à l'exception du réalisate russe Soukhourov. C'est un choix du comité de sélection de films. Ainsi cinq films français ont été sélectionnés, dont aucun n'a été récompensé. Et pourtant, le président du jury était Français. Une grande place a été réservée aux films d'Asie, d'Amérique latine, à des cinémas forts. Le cinéma tchèque a été représenté, au moins, dans une séction spéciale, ciné-fondation, destinée à de jeunes talents et par un court métrage dans la section Quinzaine de réalisateurs. Je pense qu'il faut donné de la place aussi à un autre type de films que représentent par exemple les films tchèques... Pour voir des films de l'Europe de l'Est, des films scandinaves ou autres, il faut aller, au début du mois de juillet, à Karlovy Vary et participer à son Festival international du Film. »