Un sénateur tchèque s’en va-t-en guerre contre le changement d’heure
Ceux qui ont déjà ronchonné lors du traditionnel changement d’heure, regrettant les soixante minutes de sommeil perdus ou s’attristant du coucher de soleil qui arrive bien tôt en hiver, ont peut-être trouvé leur héros. Le sénateur tchèque Petr Šilar entame une croisade européenne contre le changement d’heure, qu’il juge néfaste pour la santé et inutile d’un point de vue économique. Mais l’issue de son initiative est pour le moins incertaine.
« Je dirais que les avantages du changement d’heure sont presque nuls. Il s’agit d’une grande tradition, qui est censée s’appuyer sur les besoins du business. Mais désormais, tout le monde fait ça uniquement par habitude et personne ne s’intéresse à ce qu’en pensent les gens. »
En Europe, c’est Bruxelles qui a mis au diapason, en 1998, toutes les politiques de changement d’heure à travers le continent. L’Union européenne étant chargée de l’harmonisation des fuseaux horaires, c’est à cet échelon que Petr Šilar entend porter sa lutte. Ce Don Quichotte de l’heure d’été est allé puiser dans les dispositions du Traité de Lisbonne un outil juridique taillé pour ses espérances de démocratie participative.
« Nous envisageons de nous servir de l’initiative citoyenne qui peut être présentée au Parlement européen, en faisant des pétitions séparées dans tous les pays. Nous devons ensuite créer un comité qui va être chargé de tout coordonner. »Pour avoir une chance d’être présentée à la Commission européenne, la pétition doit recueillir un million de signatures venant d’au moins sept Etats membres différents. Un chiffre qui paraît élevé au premier abord. Mais qui n’est pas nécessairement hors d’atteinte pour Zuzana Roithová, eurodéputée issue du même parti et ancienne candidate à l’élection présidentielle, qui doit porter le combat à Bruxelles. Selon elle, les données disponibles laissent entrevoir la possibilité d’un grand succès d’une telle initiative :
« Une enquête menée en 2002 a montré que 45% des Européens aimeraient en finir avec l’heure d’été. Ce chiffre monte même à 60% dans certains pays, comme la Lituanie ou la Lettonie. Et ailleurs, comme en Belgique, cela fait l’objet d’un débat très sérieux. »Tout en reconnaissant le caractère secondaire d’une telle revendication, elle explique son soutien à la pétition par une question de bon sens :
« On ne peut pas dire que le changement d’heure soit un problème fondamental dans l’Union européenne, ni même en République tchèque, mais c’est quelque chose d’inutile. Et je pense que le bon sens veut que l’on abolisse les choses qui apparaissent comme plutôt contraire au sens commun. »
Plus motivé, notamment par des études sur les biorythmes montrant que le changement d’heure fatigue la population qui met parfois des semaines à s’en remettre, Petr Šilar est prêt à monter sur tous les fronts. Il va notamment veiller à ce que la lutte pour un horaire annuel unique se passe aussi à Prague :
« Nous allons aussi proposer une modification de la loi, qui ne s’appliquera qu’en République tchèque. C’est un chemin législatif beaucoup plus court, mais ça dépend bien sûr de la volonté politique et de la réticence des autres représentants dans les deux chambres du parlement tchèque ainsi qu’au gouvernement. »
Dans le monde, l’utilisation de l’heure d’été est devenue minoritaire depuis que la Chine et la Russie y ont renoncé, respectivement en 1992 et 2011. Les citoyens européens qui veulent rejoindre la cause de Petr Šilar et Zuzana Roithová ont un an pour faire entendre leur voix et déposer la pétition à Bruxelles.