Un témoignage unique sur la Grande Guerre

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La Grande Guerre comme si vous y étiez – c’est ainsi que pourrait être appelée l’exposition inaugurée, jeudi, au Château de Prague. Il s’agit d’une étonnante collection de 153 photos prises au cours de la Première Guerre mondiale par un officier de l’armée austro-hongroise sur le front italien et en Galicie. Les spécialistes apprécient leur valeur documentaire mais ces photos ne manquent pas non plus de grandes qualités artistiques.

90 ans après la fin de la Première Guerre mondiale, une armoire du photographe pragois Jaroslav Kučera livre son secret. Le photographe ébahi y trouve, lors du réaménagement de son appartement, une collection de plaques de verre qui forment probablement l’ensemble le plus complet et le plus précieux de photos sur ce chapitre tragique de l’histoire de notre civilisation. Jan Haas, de l’Institut d’histoire militaire qui a préparé ces photos pour l’exposition, explique au micro de Jan Richter de la section anglaise de Radio Prague:

«Il s’agit d’une collection de négatifs que Jaroslav Kučera a acquise il a y a quelques dizaines d’années. Ce sont des clichés originaux de la Première Guerre mondiale, il y a en environ 500 mais Jaroslav Kučera a fait le choix d’en retenir 150. La majorité de ces photos représentent la situation sur le front italien, un nombre moins important de clichés a été réalisé en Galicie. Les photos datent à peu près des années 1916 - 1917.»

Le front italo-autrichien a été un des champs de bataille les plus sanglants de la Grande Guerre. Les unités s’affrontaient dans des conditions climatiques extrêmement dures. Les soldats tchèques se battaient parfois contre les Italiens sur les crêtes des Alpes. Le nombre de soldats tombés sur ce front est évalué à un million. Jan Haas:

«Les photos de Galicie représentent la vie civile, la population et la vie dans des villes et aussi bien sûr les soldats au repos. Sur les photos du front du sud on voit aussi des villes, la vie dans les tranchées, des opérations de reconnaissance de terrain, l’exercice d’attaque par l’infanterie, mais également des visites de hauts officiers. Les photos représentent surtout le 47e régiment d’infanterie et le 28e régiment où il y avait beaucoup de soldats tchèques parce que ce régiment avait son siège à Prague.»

Les soldats à l’attaque, les soldats enterrant leurs camarades et même les soldats dans les latrines, tous ces moments de la vie militaire ont été captés et sauvés de l’oubli par l’appareil photo. Le nom de l’auteur de ce reportage unique sur la Grande Guerre est inconnu, mais selon Jan Haas il n’est pas tout à fait anonyme:

«Il figure sur un grand nombre de photos. Nous pensons que c’est un photographe parce que sur certains clichés on le voit faire des photos, il est représenté avec son appareil. Il est néanmoins difficile de déterminer son identité bien qu’il existe des listes des officiers des régiments de l’armée austro-hongroise, listes qui paraissaient tous les ans dès le XIXe siècle. On y trouve donc des officiers de son grade, mais nous ne pouvons pas dire pour le moment s’il s’agit de tel ou tel.»

Un mystère plane donc jusqu’à présent sur le nom de ce capitaine qui est l’auteur de ce témoignage et dont on peut voir le visage sur plusieurs photos. Il se fait photographier avec son statif, il pose sur un wagon de chemins de fer, à la table de Noël et même nu au bord d’une rivière. Pour trouver son nom, il faudrait procéder à des recherches compliquées dans les archives de l’armée austro-hongroise à Vienne.