Une affaire de corruption au ministère de la Défense aurait atteint « les hautes sphères du monde politique »

Alexandr Vondra, photo: CTK

Une nouvelle affaire de corruption éclabousse le ministère de la Défense, institution sur laquelle planaient déjà dans le passé des soupçons de clientélisme. Cette dernière affaire éclate au début du mandat du nouveau ministre de la Défense Alexandr Vondra qui a promis de redorer le blason du ministère.

Jaroslav Kopřiva,  photo: CTK
C’est le journal Mladá fronta Dnes qui a révélé cette affaire. D’après le journal, le vice-ministre Jaroslav Kopřiva aurait demandé une commission sur le prix d’une importante commande de matériel militaire. Il aurait préparé le contrat de cette commande avec la société finlandaise Patria qui devait s’engager à livrer à la République tchèque des lance-mines pour quelques centaines de millions de couronnes. Le journal Lidové noviny précise qu’il s’agirait de 25 lance-mines Nemo montés sur des châssis Pandur qui coûtent chacun 150 millions de couronnes (5,8 millions d’euros). Les reporters du journal Mladá fronta Dnes auraient suivi cette transaction illicite depuis quelques mois et affirment disposer de preuves convaincantes contre Jaroslav Kopřiva et son complice, le lobbyiste Josef Jindra. Face à ses accusations, le ministre Alexandr Vondra a immédiatement relevé de leurs fonctions Jaroslav Kopřiva et Jiří Král, directeur de la section de gestion des biens du ministère :

Alexandr Vondra,  photo: CTK
« Il faut couper les tentacules de cette pieuvre qui s’est sans doute glissée jusqu’aux plus hautes sphères de la politique tchèque », déclare-t-il et promet de prendre aussi d’autres mesures pour assainir son ministère. Il affirme ne pas avoir été au courant du projet de son vice-ministre d’acheter plusieurs lance-mines montés sur des châssis à roues. Il ne lui sera pas facile de démanteler le réseau des relations clientélistes qui s’est formé au ministère, à son avis, déjà dans les années 1990. Cette opinion partagée aussi par le premier ministre Petr Nečas a néanmoins fortement déplu au ministre des Finances Miroslav Kalousek qui avait été, entre 1993 et 1998, vice-ministre de la Défense :

« Au milieu des années 1990 il y avait deux vice-ministres de la Défense, Petr Nečas et Miroslav Kalousek. Et puisque je n’ai pas collaboré avec Kopřiva et Jindra, M. Nečas en parlant de cette affaire avait sans doute à l’esprit lui-même.»

La réponse du premier ministre ne s’est pas fait attendre :

Petr Nečas,  photo: CTK
« Je ne comprends absolument pas quel est le rapport entre mes activités au ministère de la Défense, qui n’ont duré que 10 mois, et la façon dont on a fixé au ministère les mécanismes de la politique d’achat. »

Il semble que les tentacules de la pieuvre sont plus sinueux qu’on ne l’aurait cru et que nous ne sommes pas encore à notre dernière surprise car les reporters de Mladá fronta Dnes poursuivent leur travail d’investigation et mettent à jour aussi d’autres achats d’armes douteux par le ministère. Toutes les mesures prises par Alexandr Vondra pour éradiquer ce fléau seront désormais étroitement suivies par les médias. Petr Nečas lui a déjà promis son soutien :

« Ces choses ne seront pas tolérées au ministère de la Défense et le ministre Vondra jouit de mon soutien absolu pour la poursuite de sa lutte contre la corruption au ministère. Cela aura pour conséquence évidemment d’entraîner d’importants changements au niveau des fonctionnaires du ministère de la Défense. »

Petr Nečas et son cabinet ont donc maintenant une occasion unique de montrer que leur promesse de lutter contre la corruption n’a pas été vaine.