Une application mobile pour identifier les champignons, pour le plus grand bonheur des « houbaři »

Photo: Google Play

« Alors, ont-ils bien poussé ? » « Rostou ? » C’est le mystère de chaque saison estivale en République tchèque. Grands amateurs de la cueillette des champignons, les Tchèques attendent avec impatience chaque année si les conditions météorologiques seront favorables à la poussée des champignons, pour qu’ils puissent s’adonner à leur activité préférée. Désormais, plus besoin de feuilleter un guide pour reconnaître les champignons comestibles : un groupe de jeunes informaticiens a mis au point une application pour téléphone, intitulée « Na houby », qui permet d’identifier quelque 210 espèces les plus répandues en Tchéquie.

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Seuls, en famille ou entre amis, panier à la main, les « houbaři » se baladent à travers les forêts, pour trouver les žampión, hřib, křemeňák, kozák, bedla ou autre liška qu’ils aiment tant ramasser, préparer de mille et une façons, déguster ou encore faire sécher pour l’accompagnement de plats d’hiver. L’application qui permet de s’adonner à ce loisir est disponible pour Android gratuitement. Développée par trois informaticiens en collaboration avec l’expert en mycologie Martin Kříž, elle comporte de nombreux paramètres : un index, accompagné de plusieurs centaines de photos de qualité, ainsi qu’un moteur de recherche des champignons d’après leurs spécificités. Mais surtout, cette application, utilisable hors ligne et disponible en tchèque et en anglais, aide à identifier un champignon à partir d’une photo prise avec un appareil mobile. Cet outil expérimental est basé sur un système d’intelligence artificielle qui fonctionne un peu comme le cerveau humain comme l’explique l’informaticien Petr Kadeřábek, codéveloppeur de l’application :

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« On entraîne un réseau neuronal à la reconnaissance des champignons comme on entraînerait un homme qui ne sait absolument rien sur les champignons. C’est comme si on me donnait 210 enveloppes correspondant aux espèces les plus répandues en Tchéquie, avec une cinquantaine de photos dans chaque enveloppe pour une espèce en particulier. Cela me permettrait d’apprendre qu’une amanite tue-mouches a un chapeau rouge recouvert d’écailles blanches et un anneau autour du pied. Je pourrais également ainsi apprendre que les petits objets bruns et verts autour sont des feuilles d’arbres et de la mousse et qu’ils ne sont pas révélateurs de l’identification de l’espèce. C’est précisément comme ça que le réseau neuronal apprend à reconnaître les champignons. »

Si les auteurs de l’application n’envisagent pas d’élargir la base de données au-delà des quelque deux cents genres de champignons les plus communs, ils veulent en revanche la rendre encore plus précise et plus efficace. Vojtěch Kučera :

« Nous allons nous adresser aux amateurs des champignons, sur Facebook ou à travers notre application, pour qu’ils nous envoient leurs photos prises sur le terrain. »

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« Nous voudrions aussi traduire l’application dans des langues étrangères, en allemand ou en polonais par exemple, car dans ces pays, le ramassage des champignons est aussi populaire que chez nous. Là aussi, nous serions heureux si le public pouvait nous aider, nous serions ravis, car nous ne sommes plus vraiment en mesure de pouvoir nous en occuper », ajoute Vít Čurda, un autre membre de cette équipe enthousiaste. Celle-ci ne devrait pas manquer de soutiens, étant donné que depuis son lancement, début juillet, plus de 35 000 personnes ont téléchargé l’application. Elles sont toutefois appelées à la prudence : les auteurs de ce projet expérimental rappellent qu’il s’agit d’un simple outil de reconnaissance, qui ne doit pas remplacer l’avis d’un spécialiste. Le meilleur moyen d’apprendre à connaître les différentes espèces reste toutefois la pratique du ramassage des champignons : en République tchèque, c’est un véritable savoir-faire qui se transmet de génération en génération.