Une carte en ligne permet de prédire la pousse des champignons en Tchéquie
Dans un pays où la cueillette des champignons est un sport national, des météorologues ont créé une carte en ligne qui est censée prédire la pousse des champignons dans toute la Tchéquie.
Aucune émission estivale ne saurait déroger à la règle immuable qui veut qu’en Tchéquie, il est nécessaire, à un moment donné en juillet ou en août, de faire un point sur la situation des champignons en Tchéquie. Avec la question fondamentale : poussent-ils ? Ou pas ?
Si la saison de la cueillette culmine au mois de septembre, les vacances d’été sont associées, dans l’esprit des Tchèques, fervents adeptes de cette activité, aux sorties en forêt à la recherche des meilleures espèces qui seront ensuite cuisinées directement ou conservées en bocaux ou sous forme séchée.
Depuis la fin du mois de mai, les Tchèques peuvent à nouveau consulter la carte en ligne de l’Institut hydrométéorologique tchèque qui doit les aider à trouver les meilleurs coins à champignon. Elle a été créée et lancée l’an dernier par des scientifiques du Département des applications biométéorologiques, et est mise à jour quotidiennement. Lenka Hájková est une des météorologues qui a contribué à sa création :
« La carte exprime l’adéquation des conditions d’humidité pour la croissance des champignons. Nous évaluons les précipitations des 30 derniers jours ainsi que les températures moyennes de l’air au cours des sept derniers jours. Plus le temps est humide et chaud, plus vous avez de chances de trouver des champignons. La carte a été créée avec des experts de la Société mycologique tchèque, qui ont apporté leurs connaissances sur la localisation des champignons. »
Les calculs qui s’expriment sur la carte sont basés sur des informations relatives à la saturation du sol par les précipitations des trente derniers jours, combinées aux températures moyennes de la semaine écoulée. Car la météo a une influence majeure sur la croissance fongique : en général, les champignons commencent à se développer après de fortes précipitations (le plus souvent environ dix jours après) et un temps chaud, mais pas caniculaire, le plus souvent entre juillet et septembre.
Mais quand on parle de champignons, ceux-là mêmes qui, lors d’une cueillette, se dérobent parfois au regard des plus avertis, avant de pointer leur chapeau à l’endroit même où on l’avait raté quelques minutes auparavant, il faut bien dire qu’il n’y a pas de science exacte : la météo n’est donc pas le seul critère déterminant, le type de sol et de terrain jouant également un rôle fondamental dans leur apparition. En attendant, la carte semble avoir fait des adeptes, comme s’en félicite Lenka Hájková :
« Nous avons eu de très bons retours pour la dernière saison. Des centaines de personnes nous ont contactés pour nous faire part de leurs commentaires et nous ont envoyé des photos de leurs trouvailles dans les forêts. Je dirais donc qu’environ 90 % des personnes sont satisfaites de notre carte. »
Ces derniers jours ont vu des pluies abondantes en Tchéquie avec des températures qui ont certes baissé mais qui restent assez hautes pour créer de bonnes conditions de croissance fongique. Pour preuve : à l’heure où nous écrivons, la carte est en grande partie verte, indiquant une probabilité de croissance très haute sur une majeure partie du territoire tchèque, à l’exception notable de la Moravie du Sud.
C’est donc le moment où jamais de prendre son panier et son couteau suisse et de partir à la recherche du graal dans les forêts de Bohême. Les cueilleurs profiteront du fait que la carte se concentre sur les champignons dits mycorhiziens, soit ceux qui poussent en symbiose avec les plantes et les arbres, comme ceux de la famille des bolets, très appréciés et fréquents dans les forêts de pin du pays.
« Il y a actuellement une forte probabilité de croissance des champignons dans la plupart des régions de Tchéquie, en particulier dans les zones montagneuses, Šumava, Krkonoše, Jeseníky et dans le district de la Vysočina, en raison d'une meilleure humidité du sol et des températures, qui ne sont pas aussi élevées que dans les basses terres. Les pires conditions, en revanche, se trouvent par exemple dans le sud de la Moravie et dans le centre ou l’ouest de la Bohême. »
Il faut en profiter car le réchauffement climatique concerne également les champignons. Le facteur clé de leur croissance n’est pas uniquement la chaleur, mais bien l’équilibre hydrique soit le rapport entre apport et évacuation de l’eau. La hausse des températures associée au changement climatique accroît aussi considérablement l’évaporation et réduit donc la quantité d’eau disponible pour les champignons. Une réalité qui se traduit par un impact négatif sur le développement des champignons, et tout particulièrement sur ceux qui entretiennent cette fameuse relation symbiotique avec des arbres.