Une campagne électorale aux accents radicaux

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A un mois des élections municipales et des sénatoriales partielles, les partis politiques tchèques s’affrontent par affiches interposées. Une campagne d’images et de mots qui de toute évidence, ne cherche pas à faire dans la dentelle.

Tandis qu’en France, les Roms font l’objet de toute l’attention du pouvoir en place, les partis politiques tchèques, en pleine campagne électorale, ont aussi trouvé leurs bouc-émissaires : les SDF et les drogués. En tout cas, c’est un leitmotiv qui réapparaît fréquemment sur les affiches électorales d’une campagne qui s’annonce déjà sans concessions.

Signe des temps et d’un langage politique de plus en plus décomplexé, les affiches du parti SPO-Z présentent le candidat à la mairie de Prague, Miroslav Šlouf, entouré de jeunes gens dynamiques et sans un pli, avec la phrase suivante : « Dans l’intérêt de nos enfants : tolérance zéro aux drogués ». Le ton est donné, et le petit parti de l’ancien Premier ministre Miloš Zeman n’est de loin pas le seul à montrer du doigt une certaine frange de la population.

Petit rappel des faits : durant l’été, les conseillers municipaux de Prague de la droite libérale (ODS) proposaient, à deux mois du scrutin, de créer des camps pour les SDF à l’extérieur des villes. Et c’est ainsi que le conseiller municipal, Jiří Janeček, justifiait ce « plan d’action » pour le moins radical, dans la capitale tchèque :

« Pour moi, le problème est évident. D’un côté il y a les sans-abris qui veulent s’intégrer, qui ont la volonté de travailler et de changer leur vie, mais il y a d’un autre côté ceux qui ne le veulent absolument pas. Dans ce cas-là, il est préférable qu’ils mènent leur mode de vie dans un autre endroit de façon à ce que cela ne gêne pas les Pragois ».

Une initiative qui a fait mouche et semble donner le « la » aux autres partis qui entendent bien surfer sur cette nouvelle vague. Une vague dont certains politologues reconnaissent qu’elle marche tout simplement parce qu’elle attire l’attention.

La social-démocratie n’est d’ailleurs pas en reste : le maire de Prague 5 a placardé dans son arrondissement des affiches avec les mots suivants : « Dehors les drogués, les SDF et les bars de machines à sous ! » Cette décision n’a toutefois pas vraiment plu à la centrale du parti qui a fait savoir que les affiches incriminées seraient retirées.

Radek John,  photo: CTK
Et il n’y a pas qu’en mots et petites phrases que s’illustre cette radicalisation du discours politique : à Chodov, le candidat du parti Affaires publiques (VV), est Ladislav Pastéka, un ancien membre du parti d’extrême-droite, le Parti national et d’une organisation paramilitaire liée au mouvement. Un passé pour le moins trouble qui ne semble pas gêner le moins du monde le leader d’Affaires publiques, Radek John, pour qui, « tout un chacun, sauf les communistes, a droit d’évoluer et de changer d’opinion. »

Les campagnes électorales tchèques n’ont jamais brillé par l’élégance de leurs annonces. Là encore, on le voit, comme dans toute campagne électorale, c’est à qui fera la proposition la plus « choc », sauf que cette fois, il semble clair qu’une certaine limite ait été franchie pour de bon.