Présidence 2013 – Miloš Zeman : un vétéran de la politique en quête d’une dernière aventure

Miloš Zeman, photo: Šárka Ševčíková, ČRo

Radio Prague poursuit sa série de portraits des neuf candidats à la prochaine élection présidentielle en République tchèque. Organisée pour la première fois au suffrage universel direct, son premier tour aura lieu les 11 et 12 janvier 2013. Suite au tirage au sort que nous avons effectué au sein de la rédaction afin de respecter les règles d’équilibre de représentation des candidats dans les médias, c’est le candidat et ancien Premier ministre, Miloš Zeman, 68 ans, que nous vous présentons aujourd’hui.

Miloš Zeman,  photo: Šárka Ševčíková,  ČRo
Miloš Zeman est un homme politique du passé qui a toutefois ressurgi sur la scène tchèque récemment. Un passé déterminant pour la République tchèque, puisqu’il a fortement compté dans la politique tchèque durant la seconde moitié des années 1990 : président de la Chambre des députés, puis Premier ministre social-démocrate de 1998 à 2002, Miloš Zeman a marqué son passage par sa grande gueule, son langage fleuri, mais aussi par le fameux « accord d’opposition » passé avec le parti de droite ODS, qui assurait aux sociaux-démocrates un soutien pour leur gouvernement minoritaire. Pourtant, de nombreuses critiques, dont un rapport de 2010 de Transparency International, estiment que cette période en particulier a vu une flambée de la corruption en République tchèque, de nombreux politiciens de l’ODS ayant reçu en contrepartie des postes haut placés dans des entreprises publiques.

Václav Klaus et Miloš Zeman,  photo: Archive de Bureau du président de la République tchèque
Disparu de la politique après sa candidature malheureuse à la présidentielle de 2003 face à Václav Klaus, il a refait surface sept ans plus tard, à la tête du Parti du droit des citoyens Zemanovci. Quelles ont été les raisons de ce retour en politique et de cette volonté de se présenter à la première élection présidentielle au scrutin direct ? Miloš Zeman :

« Deux facteurs m’y ont poussé : d’une part, le système électoral a changé. Dorénavant, ce sont huit millions d’électeurs légitimes qui vont élire le président, et vous ne pouvez pas les corrompre, il n’y a pas assez d’argent pour cela. Tandis que 281 députés et sénateurs, il est possible d’en corrompre au moins certains. D’autre part, c’est une réaction à la situation dans laquelle se trouve notre scène politique sur laquelle gravitent des amateurs, non des professionnels, qui considèrent la politique comme un art qu’il faut apprendre. J’ai décidé d’être candidat seulement après que la pétition de soutien a reçu 50 000 signatures de citoyens. »

Miroslav Šlouf,  photo: ČT 24
Autres critiques surgies à l’occasion de sa campagne présidentielle, son choix de collaborateurs, tels que Miroslav Šlouf, un lobbyiste au lourd passé riche de nombreux scandales politiques, qui a travaillé pour le géant russe du pétrole Lukoil. A cet égard, Miloš Zeman a aussi été tancé pour l’argent reçu pour sa campagne du PDG de Lukoil en République tchèque, Martin Nejedlý. Miloš Zeman s’est défendu en arguant qu’il s’agissait d’une donation personnelle.

Miloš Zeman se présente comme un candidat qui se veut proche des citoyens avec une certaine insistance sur l’aspect « terroir tchèque ». D’ailleurs, en matière de politique étrangère, il estime que la place du président est bien plus dans son pays qu’en dehors :

Foto: Kristýna Maková
« En ce sens, j’aimerais m’inscrire dans la lignée de Václav Klaus : le président devrait avant tout voyager dans les différentes régions du pays. Je trouve que sont rôle sur la scène politique intérieure est plus important que le fait de voyager dans des pays exotiques. Hormis des crises exceptionnelles, c’est le Premier ministre qui doit se rendre aux sommets de l’UE et le ministre des Affaires étrangères qui doit assurer les visites à l’étranger. »

Début décembre, un sondage de l’agence PPM Factum donnait pour la première fois à Miloš Zeman une légère avance sur l’autre candidat favori, Jan Fischer, depuis le début de la campagne. En cas de duel entre les deux hommes au second tour, reste à savoir si les électeurs tchèques donneront leur voix à la grande gueule au passé chargé ou à l’homme qui se veut au-dessus des partis.