Presse : la politique tchèque tourne-t-elle en rond ?
Les préférences électorales des habitants de Prague n’ont pas changé en trente ans. Cette nouvelle revue de presse replacera ce constat dans un plus large contexte. Les attaques terroristes du 11 septembre 2001 ont également été rappelées dans la presse tchèque. Nous nous intéresserons aussi à la deuxième ville tchèque, Brno, qui possède une architecture européenne remarquable. Ce magazine s’arrêtera aussi sur le dernier succès des joueuses de tennis tchèques, Barbora Krejčíková et Kateřina Siniaková, et sur la mise en place d’un nouveau site consacré à la prévention des suicides.
A quelques jours des élections municipales qui se dérouleront les 23 et 24 septembre, l’auteure d’un texte mis en ligne sur le site aktualne.cz estime que « les habitants de Prague sombrent dans la nostalgie et le populisme ». Elle explique :
« Dans les années 1990, on se plaisait à dire que même une raquette de tennis de Václav Klaus, alors leader du Parti civique démocrate (ODS), aurait gagné les élections à Prague, tellement la popularité dont il jouissait auprès de ses habitants était grande. Trente ans plus tard, les intentions de vote plébiscitent à nouveau la coalition SPOLU dont le parti ODS fait partie et sa tête de liste dans la capitale, Bohuslav Svoboda, député et médecin d’un certain âge, qui minimise, par exemple, les effets polluants des voitures sur la santé. Cette nomination témoigne de l’assurance de ce parti de droite qui n’est pas sans rappeler son arrogance de l’époque. »
Selon l’éditorialiste, la politique tchèque tourne en rond depuis des années. Mais le populisme et la nostalgie dont les habitants de la capitale font preuve dans les urnes se manifestent autrement que dans les autres régions du pays. « Dans le premier cas, il s’agit d’un populisme des classes aisées et d’une nostalgie des années 1990, pas d’une nostalgie des ‘certitudes’ du communisme », indique-t-elle avant de préciser :
« Il n’y a qu’une minoriré de la population tchèque à avoir atteint l’âge adulte avant la chute du régime communiste. Pourtant, les élites culturelles ne cessent de présenter la question de l’héritage criminel de ce régime comme un sujet absolument crucial pour notre présent. Ainsi, une personne âgée de trente ans est appelée à définir sa position à l’égard d’un système politique qu’elle n’a pas connu et qu’elle ne pouvait nullement influencer. L’obsession par le communisme a un impact négatif sur le niveau du débat public qui est ainsi dépourvu de nuances. »
L’éditorialiste du site aktualne.cz résume ainsi la situation : pour elle, le postcommunisme est un domaine réservé notamment aux habitants de Prague et d’autres grandes villes. « Dans de nombreux cas », écrit-elle, « ceux-ci se souviennent des années 1990 avec une nostalgie semblable à celle que partagent certains membres de la vieille génération à l’égard de la période du communisme. L’époque où ils étaient jeunes, libres et gagnants. »
Un rappel du 11 septembre 2001
Quelques années après la chute du régime communiste en Europe centrale, la situation géopolitique paraissait encourageante. Pourtant, selon l’auteur d’un texte publié dans le journal en ligne Forum24.cz, cet optimisme d’alors s’est avéré faux. En rappel des événements tragiques du 11 septembre 2001, il a noté :
« Les actes terroristes contre les Etats-Unis en 2001 ont montré que dans le monde d’aujourd’hui presque tout serait possible. Dès lors, les événements charnières ont davantage de retombées négatives que positives. La date du 11 septembre a mis fin à une période miraculeuse que nous tenions pour une évidence. Plus on prendra en compte la réalité telle qu’elle est, plus on arrivera à apprécier les règles libérales et à agir en faveur de leur défense.. »
Brno : une architecture européenne remarquable
« Bien qu’elle s’affaiblisse, la rivalité qui existe depuis longtemps entre Prague et Brno demeure encore très forte. S’agissant de l’architecture, Brno peut toutefois égaler non seulement la capitale tchèque, mais aussi d’autres métropoles européennes. » C’est ce que l’on peut lire en introduction d’un texte publié dans le journal Lidové noviny de samedi dernier et dans lequel son auteur souligne que « la métropole morave, Brno, représente un centre d’une architecture européenne moderne par excellence » :
« Brno possède des édifices anciens qui sont l’œuvre d’architectes inspirés par Vienne et de ceux qui ont représenté l’Art Nouveau et la modernité. Ce sont pourtant les représentants du fonctionnalisme de l’entre-deux-guerres liés à Brno qui se sont inscrits d’une manière particulièrement marquante dans l’histoire de l’architecture tchèque et européenne. Ainsi, depuis la deuxième moitié des années 1920 jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale, Brno n’avait pas dans le pays de concurrence en termes de qualité d’’architecture d’avant-garde. Elle a donné naissance à des constructions variées, auxquelles des créateurs tchèques, allemands, autrichiens et juifs ont participé. »
Le chroniqueur de Lidové noviny rappelle que cet élan architectural inédit à Brno a été radicalement stoppé par la guerre et l’arrivée au pouvoir du régime communiste. Quelques bâtiments remarquables y ont quand même vu le jour même pendant cette période, dont par exemple les hôtels Continental et International.
Un succès sportif pas comme les autres
La victoire de Barbora Krejčíková et Kateřina Siniaková en finale de l’US Open qui a apporté aux deux joueuses de tennis tchèques le titre qui leur manquait en double, a reçu un écho jusque dans les pages de l’hebdomadaire Respekt plus habitué à commenter l’actualité politique et sociale. Son chroniqueur a expliqué pourquoi :
« Cette victoire mérite une attention bien plus grande que celle qui lui a été réservée en l’espace d’une seule journée, notamment dans les pages sportives des journaux. Elle implique deux niveaux, sportif et humain. D’abord, Krejčíková et Siniaková se sont inscrites dans la grande histoire du tennis tchèque, car elles ont remporté une victoire en double aux quatre tournois du Grand Chelem. En outre, Barbora Krejčíková a également remporté l’année dernière Roland Garros en simple. Seules les plus grandes stars du tennis comme Martina Navrátilová, Margaret Court, les sœurs Williams, Martina Hingis ou Jana Novotná ont accompli un tel exploit dans le passé. »
Face à l’invasion russe en Ukraine, la crise énergétique, l’inflation et une nouvelle vague de coronavirus, il est très important de pouvoir se consoler avec une certitude, comme ce succès sportif remporté par Barbora Krejčíková et Kateřina Siniaková :
« Les deux jeunes femmes ont fait preuve d’une grande volonté. Peu importe qu’il s’agisse ‘seulement’ de sport. La persévérance constitue une qualité universelle qui se met en valeur un peu partout, à travers des victoires et des échecs. Une qualité qui permet aux gens de mieux affronter les pièges du monde imprévisible d’aujourd’hui. »
Un nouveau site destiné à prévenir les suicides
A l’occasion de la Journée mondiale de la santé psychique qui s’est tenue ce 10 septembre, Deník N rapportait que des experts tchèques avaient lancé un nouveau site www.sebevrazdy.cz dont le but premier consiste à sensibiliser la population au problème du suicide. Jusqu’ici en effet, le pays était en manque d’informations pertinentes à ce sujet et d’un site destiné à s’emparer de la problématique de façon complexe. Le nouveau projet mise tant sur les gens dont la santé psychique est mise à mal, mais aussi les personnes qui s’inquiètent pour leurs proches :
« Au cours de l’année écoulée, quelque 1 200 personnes ont décidé de mettre fin à leurs jours en Tchéquie. Parmi eux près de 960 hommes et près de 250 femmes. Comparé à la tendance à la baisse enregistrée au cours des dernières années, le nombre des suicides dans le pays est aujourd’hui en phase de stagnation. »
