Une chronique qui défraie la chronique

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Un simple cahier dont l'aspect extérieur ne trahit nullement le trésor qui se cache à l'intérieur. C'est ainsi que se présente le fragment de la traduction latine d'une chronique qu'on avait attribuée à un certain Dalimil, mais qui avait été rédigée en réalité, vers 1314, par un chroniqueur anonyme. Le manuscrit a été acquis pour 364 644 euros par la Bibliothèque nationale de Prague, dans l'après-midi de ce jeudi, lors d'une vente aux enchères à l'hôtel Drouot de Paris.

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Bien que le manuscrit ne contienne que douze feuilles de parchemin, son immense valeur historique et esthétique est évidente. C'est, d'après le directeur de la Bibliothèque nationale, Vlastimil Jezek, " l'ouvrage le plus précieux sur la Bohême apparu sur le marché aux cours des 80 dernières années." Sur treize enluminures splendides, créée vers 1340 probablement par des artistes de Bologne ou de Padoue, défilent les scènes cruciales du début de l'histoire du peuple tchèque des IXe et Xe siècles: la vie de Borivoj, premier prince tchèque à avoir été baptisé, les vies et les martyres de son épouse Sainte Ludmila et de son petit-fils Venceslas, saint patron de la Bohême. La calligraphie et les enluminures sont remarquablement bien conservées. Selon les historiens, la traduction a été créé probablement sur commande pour le roi de Bohême Jean de Luxembourg, dit l'Aveugle, ou pour son fils, le futur empereur Charles IV.

Vlastimil Jezek,  photo: CTK
Pour acquérir le précieux document le gouvernement tchèque a libéré officiellement 10 millions de couronnes, quelque 330 000 euros, donc pratiquement la somme pour laquelle on l'a finalement acheté. Toute une stratégie a été préparée par la Bibliothèque nationale et par le ministère de la Culture pour ne pas rater cette occasion unique. Vlastimil Jezek, directeur de la Bibliothèque nationale : "Comme nous avons joué un peu à cartes découvertes, mais vraiment pas beaucoup, nous avons cherché à éviter la situation dans laquelle nos intérêts seraient défendus par un seul homme. La nuit précédant la vente, nous avons perfectionné notre stratégie jusqu'à deux heures du matin. Il fallait décider comment nos enchérisseurs se relayeront pendant la vente, à quels endroits de la salle ils seront assis pour bien se voir et pour qu'ils n'enchérissent pas, par hasard, l'un contre l'autre. Finalement, je crois que nous avons réussi."

Après la vente, il s'est avéré, qu'en réalité le ministère des Finances tchèque avait en réserve encore d'autres moyens et que la Bibliothèque nationale aurait pu aller, si nécessaire, jusqu'à une somme de 1 million d'euros. Selon Vlastimil Jezek on pourra voir très prochainement le manuscrit à Prague : "La Bibliothèque nationale prépare non seulement une exposition de ce fragment latin de la chronique de Dalimil mais aussi de toutes les versions de cette chronique que la Bibliothèque nationale garde comme trésor du peuple tchèque. Je peux dire que nous seront capables d'organiser cette exposition dans les trois jours après que nous auront acquis la traduction latine de la chronique pour la République tchèque, pour le peuple tchèque."