Une entreprise tchèque promeut le concept des villes participatives dans le monde entier

Tomáš Rákos, © Nová beseda, photo: Karel Cudlín

Une soixantaine de villes tchèques impliquent activement des associations et des habitants dans l’élaboration de projets qui les concernent. Tel est le principe du concept de participation, de plus en plus répandu un peu partout dans le monde. Radio Prague a rencontré Tomáš Rákos, un expert dans le domaine qui a contribué à mettre en place plus de 200 projets participatifs sur plusieurs continents.

Tomáš Rákos,  © Nová beseda,  photo: Karel Cudlín

Ancien journaliste de la Télévision tchèque, Tomáš Rákos dirige actuellement la société Participation Factory. Il explique en quoi consiste le concept de participation.

« C'est est une approche qui permet aux institutions et organisations de faire contribuer, de manière efficace et méthodique, une communauté précise à l’élaboration de leurs projets et au processus de décision. »

Il existe cinq types de processus participatifs. Tomáš Rákos nous donne quelques exemples concrets :

Photo illustrative: Štěpánka Budková
« Le premier type, qui constitue un bel exemple, est un processus participatif lié à l’aménagement des espaces publics. Actuellement, il est assez courant d’avoir une approche participative lorsque vous voulez par exemple revitaliser une place ou réaménager une rue. Il existe aussi des budgets participatifs. L’approche participative peut être également appliquée pour des projets qui concernent un groupe spécifique de la population : les jeunes, les chômeurs, les seniors… Ou encore, la participation est utilisée par des municipalités pour élaborer des projets qui concernent un domaine précis, par exemple la gestion de l’eau et la lutte contre la sécheresse. »

« Enfin, le dernier type de processus participatif concerne toutes sortes de stratégies : différents plans d’action, projets pour les villes intelligentes etc. Le principe est toujours le même : les informations, idées et propositions que vous communiquent les experts ou le grand public, c’est-à-dire les acteurs du processus de participation, vous aident à vous, auteur du projet, à prendre de bonnes décisions. »

Depuis environ six ans, l’approche participative connaît un véritable essor dans les pays de l’Union européenne, ainsi qu’à Taïwan et en Corée du Sud. Elle est surtout appliquée au niveau municipal, où des budgets participatifs, qui permettent aux citoyens de financer des projets de leurs choix, sont de plus en plus prisés.

La Tchéquie suit cette évolution : si, il y a quelques années, encore, seules quelques municipalités ont expérimenté cette approche innovante, actuellement, le concept de la participation est appliqué dans une soixantaine de villes tchèques.

Spécialiste de l’application de l’approche participative au niveau municipal et régional, Tomáš Rákos a monté plus de 200 projets aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en France, en Inde, en Colombie ou encore dans plusieurs pays africains :

Zambie,  photo: Krzysztof Błażyca,  CC BY 3.0
« J’ai eu la chance de travailler sur de nombreux projets en Afrique, sur place ou à distance. Plus précisément, j’ai travaillé au Ghana, au Nigeria, en Tunisie, mais surtout en Zambie. J’ai aussi été sollicité pour consulter, à distance, des projets au Kenya et actuellement, je travaille sur un projet en Gambie. »

Une expérience unique pour le Tchèque Tomáš Rákos qui l’amène à comparer la mise en œuvre des projets participatifs dans son pays et en Afrique :

« Dans les pays africains, on voit plus rapidement les résultats des projets participatifs qu’en Europe. Cette situation est emblématique pour toute l’Afrique, où les gens n’avaient pas de portables et sont passés directement aux smartphones. C’est pareil avec la participation : on passe vite de 0 à 100%. Il suffit que les municipalités s’intéressent à ce dispositif, qu’elles s’intéressent à l’avis des citoyens. »

« J’observe le même phénomène partout dans le monde, que ce soit en Afrique, en Europe ou ailleurs. Il existe des villes qui ont une culture participative encouragée par les hommes politiques et les fonctionnaires, comme Prague, Barcelone, New York, Paris, mais aussi la petite commune de Říčany, près de Prague. Et puis, il existe des communes où la participation ne s’applique pas du tout. On en trouve au centre du Ghana, dans le nord de la Zambie aussi bien qu’en République tchèque, dans la région des anciennes Sudètes. Je pense à des villes comme Jirkov ou Jáchymov. Elles se trouvent sur la même ligne de départ que certaines villes en Afrique. »