Presse : les athlètes russes aux JO de Paris ? Une question qui ne fait pas l’unanimité en Tchéquie

Admettre ou pas les athlètes russes et biélorusses aux Jeux olympiques de Paris de 2024 ? Telle est la première question évoquée dans cette nouvelle revue de presse. On évoquera aussi le départ du président sortant Miloš Zeman ainsi qu’une réflexion sur les anciennes régions des Sudètes. Un autre sujet traité : l’absence de neige et les retombées du changement climatique. Quelques mots enfin sur les activités de la bibliothèque qui porte le nom de l’ancien président tchèque Václav Havel.

« La décision du Comité international olympique d’admettre les athlètes russes et biélorusses aux Jeux olympiques de 2024 à Paris n’est pas rationnelle », estime le commentateur du journal Hospodářské noviny. Pas plus que celle du Comité national olympique tchèque, estime-t-il :

« L’argument soutenu par les deux institutions selon lequel les athlètes ne sont pas responsables de l’agression russe en Ukraine et qu’il ne faut pas mêler la politique au sport, est un cliché fallacieux. Le sport professionnel de haut niveau est politique. Les gens s’identifient aux couleurs nationales de leurs athlètes pour leur attribuer le prestige de leur pays. »

Mais le côté politique du sport, comme l’affirme l’éditorialiste du quotidien économique, est important notamment pour les différents Etats. Des soutiens, des programmes spéciaux, des subventions accordées à des sélections nationales en sont des preuves flagrantes. « Les Etats financent le sport pour faire leur promotion. Les pays autoritaires, quant à eux, l’utilisent pour montrer que leur système est meilleur que les systèmes démocratiques », explique-t-il avant de renchérir :

« Il faut saluer la position des pays qui ont condamné la décision du CIO ou qui ont évoqué un boycott. Le Comité national olympique tchèque compare cette éventualité avec le boycott tchécoslovaque des JO de Los Angeles de 1984. Mais c’est faux : à l’époque, celui-ci avait été ordonné par l’Union soviétique, tandis qu’aujourd’hui, il serait un signe de protestation contre les pratiques impériales russes. »

La Slovaquie, une inspiration pour un départ digne de Miloš Zeman

Le quotidien Deník a retenu la dignité avec laquelle le président tchèque sortant Miloš Zeman a été reçu au cours de son séjour de trois jours en Slovaquie. Celle-ci devrait accompagner également, comme le souligne le chroniqueur du journal, son départ en Tchéquie :

Miloš Zeman et Zuzana Čaputová | Photo: Luděk Peřina,  ČTK

« Un président de la République n’est pas une personne, mais une institution. La preuve en est que pendant son dernier voyage officiel à l’étranger effectué en Slovaquie, ancienne partie de l’Etat tchécoslovaque commun, Miloš Zeman a été reçu avec la dignité qui lui sied. Le ton a été donné par la présidente Zuzana Čaputová qui a accompagné Zeman pendant une grande partie de son séjour dans les Hautes Tatras, avant d’être rejointe par d’autres hauts représentants slovaques, actuels ou anciens. »

Le journal rappelle qu’après 1998, Miloš Zeman, en tant que chef de gouvernement, a signé avec la Slovaquie une série d’accords qui ont rendu exceptionnelles les relations entre les deux pays. De même, il aurait fortement épaulé l’adhésion de la Slovaquie à l’UE et à l’OTAN. Et de conclure sur ces mots :

« Certes, il y a beaucoup de choses qu’il faut critiquer dans la manière dont Miloš Zeman à exercé ses mandats. D’un autre côté, il faut mettre en relief le soutien que le président sortant a fini par accorder à l’Ukraine. Par ailleurs, son chemin politique s’étendant sur une trentaine d’années a connu plus d’un bon moment. Essayons donc, nous aussi, de donner au départ de Miloš Zeman la dignité que cette institution nécessite. »

Qui osera s’occuper des anciennes régions pauvres des Sudètes ?

Avant son investiture prévue le 9 mars, le nouveau président élu Petr Pavel envisage de se rendre à la mi-février dans la région de Karlovy Vary dans l’ouest de la Tchéquie, l’une des régions les plus pauvres du pays. L’une de celles également où la majorité de la population a voté pour le chef du mouvement ANO Andrej Babiš, lors de la récente élection présidentielle. Selon le commentateur du site aktualne.cz, cette visite va s’inscrire dans une démarche visant à faire disparaître les stéréotypes liés aux anciennes régions limitrophes des Sudètes. Il a écrit :

La région de Karlovy Vary | Photo: Tadeáš Bednarz,  Wikimedia Commons,  CC BY-SA 4.0 DEED

« On prétend que les régions dans l’ouest et dans le nord du pays sont déracinées, donc différentes des autres. Mais les problèmes de ces régions industrielles durement éprouvées qui peinent à s’adapter à l’économie du XXIe siècle n’ont pas commencé avec l’expulsion de la population germanophone après la Deuxième Guerre mondiale. Déjà sous la Première république, elles ont lourdement ressenti les retombées de la crise de 1929. Ainsi, les préjugés sur les ‘Sudètes’ servent d’alibi historique dans le but de dissimuler une certaine indifférence à leur égard et les difficultés auxquelles ces régions ont été exposées pendant la transformation économique. »

Selon le commentateur du site aktualne.cz, la porte menant vers le succès se trouve dans ces localités ouvertes à tous ceux qui auront le courage de la franchir. Il écrit : « Une chose que Petr Pavel semble avoir comprise. Au tour des partis gouvernementaux de désormais en faire de même. »

Déforester au profit des pistes de ski ?

« En Tchéquie, la neige est en train de disparaître », avertit le titre d’un texte mis en ligne sur le site Seznam Zprávy. Replaçant ce constat dans le contexte d’une tendance à la déforestation dans certaines régions du pays, son auteur précise :

Ještěd | Photo: Eva Malá,  ČRo

« Le nombre de jours où la Tchéquie est recouverte de neige a baissé de moitié au cours des 60 dernières années. Autre exemple non moins pertinent : tandis que dans les années 1960, une couche de neige d’environ 10 centimètres se maintenait sur le territoire tchèque en moyenne pendant une quarantaine de jours, à présent, ce délai s’étend sur deux semaines seulement. Cette évolution va en s’aggravant. Selon les scientifiques, il va falloir s’habituer à l’absence de neige dans des zones de moyenne altitude. »

Toutefois, comme le constate le site Seznam Zprávy, certaines stations de ski envisagent d’abattre des forêts au profit de nouvelles pistes de ski ou de l’élargissement de celles qui existent déjà. Un projet controversé de ce type est prévu, par exemple, dans le nord de la Bohême, près de Liberec, à Ještěd, une montagne culminant à 1 012 mètres d’altitude.

A ce propos, le quotidien Mladá fronta Dnes de ce jeudi indique que les récentes chutes de neige ont sauvé la saison de ski dans les montagnes tchèques. Sur la centaine de stations du pays, seules cinq sont restées fermées.

La Bibliothèque Václav Havel : un héritage toujours vivant  

Une récente édition du quotidien Lidové noviny a rappelé que trente ans se sont écoulés depuis l’élection de Václav Havel à la présidence de la République tchèque. L’occasion pour l’éditorialiste du journal d’indiquer qu’il existe de nombreuses preuves de la continuité de l’influence et de l’héritage du dramaturge et ancien président défunt qui sont conservés et diffusés par une institution qui porte son nom : la Bibliothèque Václav Havel :

« Depuis dix-neuf ans, une équipe de collaborateurs proches de Václav Havel organise au sein de la bibliothèque des débats, des programmes d’éducation, des cycles de conférence et de rencontres avec des personnalités politiques et culturelles, du pays ou venues de l’étranger. La Bibliothèque collabore avec des centaines d’écoles, pour évoquer des sujets qui étaient chers à Václav Havel et qui sont toujours d’actualité. »

L’intérêt pour les événements proposés par la Bibliothèque Václav Havel demeure considérable. Le journal confirme qu’ils sont régulièrement suivis par des milliers de participants, sur place ou en ligne.