Une exposition sur le K 231 qui n’a vécu que 159 jours, en 1968

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« Pour que cela ne se répète plus » – est le titre d’une exposition documentant la courte histoire d’une association d’anciens prisonniers politiques, le K 231, qui a vu le jour il y a de cela tout juste 40 ans, au printemps 1968. Radio Prague a assisté au vernissage de l’exposition, lundi, à la faculté des Lettres de l’Université Charles de Prague :

Sur des documents et des photographies d’archives, l’exposition retrace les cinq mois d’existence du K 231, nom dérivé de la loi numéro 231 de 1948 sur la protection de la République aux termes de laquelle les prisonniers étaient jugés et condamnés, en tant qu’ennemis, à de longues peines de prison. Au début de 1968, courte période de dégel politique, d’anciens prisonniers politiques des années 50 ont décidé de fonder une association dans l’espoir de pouvoir jouer un rôle dans le processus de démocratisation de la société. Le K 231 ne vivra que 159 jours. Constitué le 31 mars 1968 lors du congrès de Žofín, le club a été interdit après l’occupation soviétique de la Tchécoslovaquie, le 21 août 1968.

En fait, le K 231 n’a jamais été officiellement autorisé par la direction communiste du pays. Cet ordre venait de Moscou qui considérait le K 231 comme un instrument contre-révolutionnaire. C’est ainsi que sur l’exemple du K 231, l’exposition met en évidence les limites du pouvoir communiste en 1968, précise Pavel Žáček, directeur de l’Institut d’études des régimes totalitaires, qui a préparé cette exposition :

« L’exposition montre les racines du Printemps de Prague et, notamment, les sources non communistes de la résistance contre le pouvoir communiste dans l’ancienne Tchécoslovaquie : elle présente les limites de ce pouvoir et elle réfute la perception répandue du modèle du Printemps de Prague comme combat de plusieurs courants idéologiques mené à l’intérieur du PCT et ne dépassant pas son cadre. »

L’historien Petr Blažek attire notre attention sur les liens du K 231 avec d’autres structures de la résistance comme la Charte 77 et le VONS – le comité de défense des personnes injustement poursuivies, en rappelant un fait peu connu, à savoir que le K 231 avait son siège dans la même maison, au numéro 17 de la place Charles, dans l’appartement du dissident Václav Benda où le VONS allait être constitué, dix ans plus tard, le 24 avril 1978. L’histoire de ces mouvements de résistance est une histoire de la Tchécoslovaquie du siècle écoulé, a-t-il indiqué au vernissage :

« Par cette exposition, nous avons voulu présenter les 40 années du communisme, le chemin qui a amené ses opposants jusqu’au K 231, les souffrances subies, le désespoir, et, à la fois, l’espoir qu’un changement se produise, à l’avenir, permettant le retour de ces personnes dans des positions civiques, ce qui était d’ailleurs l’un des objectifs du K 231. »

L’occupation d’août 1968 a porté un nouveau coup dur à cet objectif. Beaucoup de membres du K 231 sont partis en exil comme Otakar Rambousek condamné en 1950 à perpétuité et amnistié en 1964. D’autres, comme Radovan Procházka, condamné à 15 ans de prison, qui sont restés, ont connu de nouvelles représailles et ont été poursuivis par la StB. Ce n’est qu’après la chute du régime que la Confédération des prisonniers politiques nouvellement constituée a renoué avec les activités du K 231…