Salut à tous les tchécophiles de Radio Prague - Ahoj vám všem, milovníkům češtiny Radia Praha ! Suite et fin de notre série d'émissions consacrées aux expressions spécifiques relatives au football. Après avoir découvert la différence qui existe dans le vocabulaire tchèque entre le « jeu de balle au pied » - fotbal, et le « jeu de coup de pied » - kopaná, deux mots qui désignent toutefois la même chose, à savoir le football, nous avions expliqué ce qu'était une « panenka », une manière très personnelle de tirer un penalty inventée par le joueur tchèque du même nom afin de tromper ce que l'on avait appelé « le gardien du temple », à savoir le gardien de but. Nous allons donc poursuivre la présentation d'expressions appartenant au jargon footballistique : des tournures de phrase et figures de style employées par les acteurs et les observateurs du jeu souvent très imagées...
Photo: CTK
Si la sélection tchèque a perdu deux des trois matches qu'elle a disputés à la Coupe du monde contre le Ghana et l'Italie, c'est en partie parce que lors de chacune de ces rencontres un de ses joueurs a reçu un carton rouge synonyme d'expulsion. Dans ces cas-là, les commentateurs tchèques disent parfois que l'arbitre l'a « envoyé sous les douches » - « poslal ho pod sprchy », le joueur sanctionné ayant l'obligation, selon le règlement, de quitter le terrain et de rejoindre les vestiaires. Obligatoirement, le joueur expulsé affaiblit son équipe qui se retrouve en infériorité numérique par rapport à l'adversaire. Très souvent, cette nouvelle situation de jeu cause du souci à l'entraîneur, on entendra alors dire qu'elle lui « fait des rides » - « dělat vrásky ».
Petr Cech, photo: CTK
Mais ce qui fait l'essence du football, ce sont bien évidemment les buts. Eh oui, c'est bête à constater, surtout lorsque l'on observe la manière de jouer de certaines équipes, dont celle de la France, mais le but du jeu de football est quand même de marquer des buts. Certes, on peut considérer que prendre moins de buts que l'adversaire mène aussi à la victoire, ce qui est d'ailleurs vrai, mais il s'agit là d'une philosophie négative et d'une interprétation quelque peu détournée de l'esprit car à l'origine, le football a quand même été conçu avec l'idée de marquer plus de buts que l'adversaire. Et parvenir à marquer ce fameux « goal » est source de joie, pour les joueurs comme pour les spectateurs. Voilà pourquoi d'un attaquant qui vient de « scorer », les Tchèques diront parfois qu'il a fait « exulter les gradins, les tribunes » - « rozjásal ochozy ». S'il est vrai que le but est source de joie, en revanche, pour un journaliste, constater qu'un joueur a marqué est quelque chose de tristement banal. Voilà pourquoi il préférera la formule « prostřelit brankáře », soit, traduit littéralement, « transpercer le gardien ». Avouons d'ailleurs à la décharge des journalistes qu'affirmer « Pavel Nedved a transpercé le gardien d'une frappe de trente mètres » sonne bien mieux dans son récit de l'action que « Pavel Nedved a marqué un but de trente mètres ». « Transpercer le gardien » nous donne, en effet, une idée de la force du tir. D'ailleurs, une autre expression très employée veut qu'un joueur ait de « la dynamite dans la jambe ou dans le pied » - « má dynamit v noze », et ce bien sûr afin de faire prendre conscience de la puissance du joueur au moment de la frappe dans le ballon.
Photo: CTK
Pour qualifier un joueur capable de shooter du pied droit comme du gauche, les Tchèques emploieront l'adjectif « obounohý », un mot qui n'existe pas dans la langue française, mais qui signifie « des deux pieds ». On pourrait certes inventer un équivalent très facilement, « unijambiste » se disant « jednonohý » en tchèque, mais cela n'aurait assurément pas beaucoup de sens, car on obtiendrait alors « bijambiste ». Or, admettez qu'il est difficile d'imaginer un joueur de foot n'étant pas « bijambiste ». Voilà donc pourquoi, en tchèque, lorsqu'un joueur est « bijambiste », cela ne signifie pas qu'il a deux jambes, mais bien qu'il sait se servir de ses deux pieds pour taper dans le ballon.
Mais pour marquer des buts, il est généralement nécessaire que l'équipe ait un bon jeu de passes pour préparer les actions. La formule selon laquelle une « passe avait des yeux » - « přihrávka měla oči », n'en reste pas moins très étonnante. En fait, cette expression sert à désigner une bonne passe effectuée par un joueur à l'un de ses partenaires. Logiquement, ce n'est donc pas la passe qui dispose du sens de la vue, mais plutôt le joueur qui l'effectue et qui a, comme on dit parfois, « bien lu le jeu ».
Enfin, mentionnons encore cette formidable expression selon laquelle un joueur ou une équipe qui est resté longtemps sans marquer le moindre but et enfin « retrouve le chemin des filets » ait « achevé son jeûne » - « ukončil půst », en l'occurrence son jeûne de buts.
C'est ainsi que prend fin ce « Tchèque du bout de la langue » et notre série d'émissions consacrées aux expressions de la langue tchèque relatives au football. En attendant de vous retrouver dès la semaine prochaine, portez-vous du mieux possible - mějte se co nejlíp !, portez le soleil en vous - slunce v duši, salut et à bientôt - zatím ahoj!