Une Tchèque exilée en France retrace, pour la télévision, la saga Bata

Tomas Bata, photo: CTK

Tomas Bata, le fils du célèbre fabricant de chaussures du même nom, fêtera, dans quelques jours, ses 90 ans - un anniversaire qui ne passe pas inaperçu en République tchèque. La Télévision publique vient de diffuser un documentaire sur la saga Bata, une coproduction franco-tchèque signée Jarmila Buzkova, une Tchèque installée depuis une vingtaine d'années en France. L'idée de retracer la saga Bata lui est venue en 2001, au moment où l'usine de Bata-Hellocourt, en Moselle, déposait le bilan, une usine autour de laquelle tout avait été aménagé pour le bien-être des ouvriers, des magasins d'alimentation aux divertissements, dans l'enceinte de cette "Bataville".

"Je suis partie dès le départ dans l'idée de raconter l'histoire de cette famille pour, en fait, raconter l'évolution de l'économie. J'ai trouvé que, sur l'histoire de cette famille, on pouvait formidablement dégager les changements extraordinaires qui ont eu lieu dans l'économie au cours du XXe siècle. Et donc je me suis servie de cette saga pour raconter l'histoire de l'économie au XXe siècle."

L'entreprise Bata,  photo: www.czech-tv.cz
"En ce qui concerne le fondateur, Tomas Bata, j'ai trouvé que c'était évidemment un capitaliste paternaliste, comme on en connaissait beaucoup en France, à la fin du XIXe et au début du XXe siècles, mais avec des traits différents. C'est-à-dire que ces capitalistes paternalistes ont aussi construit des villages d'entreprise, mais n'ont jamais internationalisé le modèle. Or, Bata a vraiment exporté ses filiales dans le monde entier.

Un autre trait intéressant, que j'ai essayé de décrire en détail dans le film, est qu'il a inventé son propre système, dans lequel chaque ouvrier faisait partie d'un ensemble, transmettait le travail à un autre et était intéressé au résultat, dans une chaîne assez bien réfléchie. Evidemment, cela impliquait peut-être une sorte d'abrutissement, plus ou moins normal à cette époque-là, mais cela a tiré toute sa région natale d'une pauvreté totale, et en l'espace de 20-30 ans, il a réalisé une espèce de miracle économique en Moravie, dans la région de Zlin."