Une tradition de l’enseignement bilingue au Lycée Jan Neruda

Photo: Archives de Lycée Jan Neruda

La section bilingue franco-tchèque du Lycée Jan Neruda à Prague vient de connaître sa 22ème rentrée déjà. Cette année deux classes bilingues ont été ouvertes après l’examen d’entrée, contre d’ordinaire, une seule classe du programme bilingue de six ans. Pendant les deux premières années, les élèves apprennent intensivement le français pour pouvoir suivre, à partir de leur troisième année, les maths, la physique, la chimie, l’historie et la géographie en français selon les méthodes françaises sous la tutelle des professeurs tchèques et français. Le diplôme final est un équivalent du DALF C1.

Le Lycée Jan Neruda,  photo: ŠJů,  Creative Commons 3.0
Situé dans le quartier historique de Malá Strana, le Lycée Jan Neruda appartient depuis plus d’un siècle aux plus prestigieux établissements praguois et, à coup sûr, parmi les meilleurs lycées de tout le pays, avec notamment une longue tradition de l’enseignement du français. C’est pourquoi, en 1990, ce lycée a été choisi au sein d’un projet éducatif pour l’enseignement bilingue dans le cadre d’une section franco-tchèque. Il existe encore trois autres sections bilingues en République tchèque : au Lycée Matyáš Lerch à Brno, au Lycée Slave à Olomouc et au Lycée Pierre de Coubertin à Tábor. Jiří Bureš, responsable de la section bilingue et professeur de maths à Jan Neruda :

Photo: Archives de Lycée Jan Neruda
« Ce qu’on offre, c’est cette approche bilingue qui permet aux élèves de voir les choses autrement, d’avoir plusieurs points de vue sur quelque chose ce qui peut les aider dans leurs études universitaires. Les élèves sont prêts à travailler dans n’importe quel pays, n’importe où, dans n’importe quel domaine. »

C’est toutefois un défi pour un adolescent de suivre des cours dans une langue étrangère, étant donné que les exigences dans ce type d’établissement sont supérieures à celles des lycées classiques tchèques. Mais les avantages sont légion.

Pendant les deux décennies de son existence, la section a déjà formé plusieurs personnalités connues et elle a conquis une place importante dans l’enseignement secondaire en République tchèque avec un taux de succès très élevé aux concours d’entrée pour les universités.

Le programme est proche de celui des sections scientifiques françaises mais ne laisse pourtant pas de côté les matières littéraires. Les élèves tchèques, plus habitués à acquérir beaucoup de connaissances et à mémoriser des faits, ont souvent de grandes difficultés à s’adapter aux méthodes françaises, plus analytiques. Cependant grâce à l’enseignement bilingue ils peuvent tirer le meilleur des deux approches éducatives différentes.

Mardi gras 2012,  photo: Archives de Lycée Jan Neruda
L’année scolaire 2012-2013 va suivre l’exemple des années précédentes. Plusieurs activités telles que Mardi gras, ainsi que des séjours d’études en France seront organisées et proposés par la section bilingue du Lycée Jan Neruda. Jiří Bureš :

« Les événements qu’on prépare, c’est comme chaque année pour les plus jeunes la semaine française – la semaine des projets, pour les plus âgés la semaine de traduction avec différentes techniques et approches de la traduction. Et peut-être comme nouveauté on imagine un spectacle à la fin de l’année pour toutes les classes de la section où elles présenteraient le meilleur ce qu’elles ont fait pendant l’année scolaire. Chaque classe fait un séjour d’échange chaque année, sauf en Terminale. On a des établissements partenaires dans les différentes villes en France : à Paris, Nîmes, Questembert, Monfort, entre autres. Le principe est que les élèves sont accueillis dans les familles de leurs correspondants en France et ils accueillent, à leur tour, les Français dans leurs familles ici. C’est quelque chose qui est très apprécié par les élèves. Il y a de nouveaux contacts, ils font connaissance avec la culture et la civilisation françaises, et ça les aide beaucoup dans leur avenir. »

Photo illustrative: Archives de Radio Prague
« Moi, j’ai apprécié le plus les échanges, parce que c’était une sorte de clôture de l’année à chaque fois. Et malgré plein de soucis et plein de devoirs, ou encore beaucoup de temps passé à s’occuper des Français chez nous, après quand on est parti en France c’était vraiment super. »

…témoigne une jeune fille de Terminale.

Les échanges constituent un souvenir fort de la scolarité et une expérience personnelle particulière. De plus, les élèves ont l’occasion de découvrir différentes régions françaises.

Sciences Po à Dijon,  photo: LaPéniche.net
Et quels sont les débouchés ou les parcours universitaires des anciens ?

« C’est très varié. Certains élèves partent à l’étranger, parfois en France, par exemple pour intégrer la section de Sciences Po à Dijon, mais il y en a d’autres qui essaient d’entrer dans les grandes écoles françaises. La plupart d’entre eux restent quand même en Tchéquie. Ils intègrent toutes les universités et étudient les sciences humaines, mais aussi les sciences naturelles, l’ingénierie… »

(L’auteur est un ancien élève de la section bilingue du lycée Jan Neruda)