Va-t-on vers un enseignement payant en Tchéquie ?
Depuis une dizaine d'années, on discute, en République tchèque, du financement de l'enseignement supérieur. Inutile d'expliquer pourquoi : les universités manquent cruellement d'argent ce qui les empêche d'accroître leur capacité d'accueil, d'acheter des équipements modernes et d'améliorer le niveau de l'enseignement en général. Existe-t-il une issue à cette situation lamentable ?
Depuis une dizaine d'années, on discute, en République tchèque, du financement de l'enseignement supérieur. Inutile d'expliquer pourquoi : les universités manquent cruellement d'argent ce qui les empêche d'accroître leur capacité d'accueil, d'acheter des équipements modernes et d'améliorer le niveau de l'enseignement en général. Existe-t-il une issue à cette situation lamentable ? L'instauration de frais de scolarité, répond Petr Mateju, député de l'Union de la liberté, parti de droite de l'opposition, et auteur d'un nouveau projet de loi sur l'enseignement supérieur. Selon ce dernier, les étudiants seraient tenus de payer, en moyenne, 15 000 couronnes tchèques, soit environ 500 euros, par an. Les étudiants en situation sociale défavorable pourraient demander un crédit à la banque, qu'ils rembourseraient, après avoir fini leurs études. Mercredi dernier, ce projet a été rejeté par la Chambre des députés. Les sociaux-démocrates, les chrétiens-démocrates et les communistes s'y sont fermement opposés. Quant aux députés de droite, seuls les membres du Parti civique démocrate l'ont soutenu. Une petite surprise : l'Union de la liberté, parti de Petr Mateju, a fait le mort... Les sociaux-démocrates au pouvoir prennent l'introduction de frais de scolarité pour une escroquerie qui n'aidera pas les écoles supérieures et désavantagera les étudiants aux revenus modestes. De toute façon, ces derniers sont déjà désavantagés, rétorque Petr Mateju. D'après lui, le rejet de son projet ne fera qu'aggraver ce marasme qui plane sur l'enseignement supérieur.
La solution de ce problème a été donc remise à plus tard. A quand exactement ? Avant les législatives du printemps prochain, les choses ne bougeront certainement pas. Encore un fait intéressant : les sondages révèlent que trois Tchèques sur cinq seraient d'accord avec une participation des jeunes au financement de leurs études.
Une chose est certaine : l'époque de l'enseignement à bon marché en Tchéquie s'éloigne. Les études deviennent, avant même une éventuelle introduction de frais de scolarité, de plus en plus chères, et, par conséquent, plus sélectives et élitistes qu'auparavant. Omar Mounir sur la situation financière des étudiants tchèques.
Le coût des études supérieures ne fait qu'augmenter d'année en année. A la moitié des années quatre-vingt-dix, l'étudiant pouvait s'en sortir avec 2 500 couronnes par mois. Aujourd'hui, il a besoin du double. C'est ce qui ressort des données du Conseil des écoles supérieures regroupant les enseignants universitaires. "Pour une période de cinq ans, l'étudiant a besoin de 200 000 couronnes", a déclaré le président de ce Conseil, Frantisek Jezek.
Ce qui met le plus à l'épreuve le portefeuille de l'étudiant, ces dernières années, c'est le logement et les repas dans les cités universitaires, puis le coût des ouvrages et de la littérature spécialisée. Lors des cinq dernières années, les dortoirs d'étudiants ont augmenté leurs prix de presque 30%, tandis que les livres coûtent 50% plus cher. Mais c'est le logement qui donne le plus de fils à retordre. L'étudiant Martin Groman de la Faculté des sciences sociales de l'Université Charles, dont les études sont financées par la famille, dit avoir besoin, mensuellement, de 4 000 couronnes, dont 2 000 vont au logement.
Alors qu'à l'étranger, les banques ont une longue expérience dans le financement des études, en Tchéquie, cette pratique est encore à ses débuts. Seule la Komercni Banka accorde un véritable crédit, à concurrence de 150 000 couronnes, avec remboursement après 5 ans et moyennant un intérêt annuel de 11,8%. La caisse d'Epargne, elle, n'accorde sur un compte étudiant qu'un maximum de 10.000 couronnes, avec un intérêt de 13,9%, et sans garantie particulière.