La crise à la Faculté de théologie catholique de Prague
Parmi les facultés faisant partie de l'Université Charles, c'est celle de théologie catholique qui se trouve, aujourd'hui, dans une situation particulièrement délicate. Les problèmes qu'elle doit affronter ne sont pas, pourtant, d'ordre financier. Une explication d'Alena Gebertova.
La Faculté de théologie catholique de l'Université Charles de Prague, créée en 1348, est la plus ancienne en Europe. Son histoire a été, souvent, mouvementée. Je rappelerai qu'en 1950, deux ans après l'accès des communistes au pouvoir, elle a été exempte de l'Université Charles et obligée à déménager dans la ville de Litomerice. Elle est rentrée à Prague, après la chute du régime communiste, au début des années 90. Aujourd'hui, la faculté vit, de nouveau, l'un des moments difficiles de son histoire, car son existence même est mise en cause.
La crise actuelle n'a pas surgi d'un jour à l'autre. Depuis quelques années déjà, la direction de la faculté ne respectait ni le régime académique propre à l'enseignement supérieur, ni les autorités catholiques dans le pays, ce qui déplaisait, naturellement à l'une et à l'autre partie. La direction de la faculté a enfermé celle-ci dans une sorte de ghetto spirituel rigide, n'acceptant guère les impulsions du IIème Concile du Vatican. Ainsi, plusieurs professeurs, ouverts à des idées nouvelles, ont dû quitter, au fil des années, la faculté. Celle-ci par ailleurs ne forme que les futurs prêtres, les femmes et les laïcs n'y trouvant que peu de possibilités d'études... D'un autre côté, l'absence d'un statut et du règlement de la faculté, l'absence du sénat académique sont critiquées par les milieux universitaires et ministériels.
Récemment, le recteur de l'Université Charles, Ivan Wilhelm, a décidé d'agir. Il propose à la Faculté de théologie catholique deux alternatives : des changements fondamentaux dans l'enseignement en vue de son amélioration, une plus grande ouverture et la modernisation de la faculté ou la fin de son existence. Le ministère de l'Education nationale est prêt à intervenir dans ce sens déjà en avril prochain, en interdisant à la faculté, par exemple, l'octroi de diplômes ou l'accueil de nouveaux étudiants... Samedi dernier, le recteur Wilhelm a tenté l'impossible. Il a rencontré les étudiants de la faculté pour leur dire : je veux vous aider, point vous liquider. Le cardinal Miloslav Vlk se trouvait à ses côtés pour le soutenir et pour insister, lui aussi, sur l'impératif de la modernisation de la Faculté de théologie catholique de Prague. Mikulas Lobkowicz, ex-recteur de l'Université allemande d'Eichstätt, natif de Prague, est l'un des noms évoqués à cette occasion... Une affaire à suivre, avec un dénouement prévu pour la mi-avril.