Vaclav Hollar, l'homme qui a sauvé son époque de l'oubli
Sans le graveur Vaclav Hollar, nos connaissances du Londres du XVIIe siècle seraient beaucoup plus pauvres. Cet artiste tchèque établi dans la capitale anglaise a saisi sur ses gravures avec une époustouflante précision des rues, des maisons, des bateaux sur la Tamise, mais aussi des habitants de cette ville aujourd'hui disparue sous les constructions postérieures. Quatre siècles se sont déjà écoulés depuis la naissance de ce grand témoin de son temps.
L'oeuvre gravée de Vaclav Hollar compte plus de 2000 pièces : sujets religieux et mythologiques, animaux, sujets historiques, portraits de personnes illustres, caricatures, costumes, sujets de moeurs, vues panoramiques de villes, topographies. Né en 1607 à Prague, il s'installe à Francfort en 1627, puis séjourne à Strasbourg, Mayance et Coblence, où il rencontre Lord Thomas Howard, le comte d'Arundel. La vie de Hollar sera désormais liée à celle de ce mécène aristocratique qui est le plus grand collectionneur anglais de son temps. Le graveur le suivra à Prague, à Vienne et finalement en Angleterre, où il travaillera pour lui mais aussi pour d'autres clients importants dont le roi Charles Ier. Vaclav Hollar meurt à Londres en 1677 laissant une oeuvre dont la qualité et l'ampleur ne cesseront d'étonner la postérité. La Britannique Gillian Tindall est l'auteur d'une importante biographie de cet artiste:
« Il a vécu à une époque passionnante, au moment où la phase des cartes géographiques vues à vol d'oiseau prenait fin et où les cartes prenaient l'aspect auquel nous sommes habitués aujourd'hui. Il a assisté à la naissance de la fameuse gravure sur plaque de cuivre, méthode qui, avant lui, avait été bien imparfaite. Personne n'a été supérieur à Hollar au sommet de son art, surtout si nous prenons en considération ses oeuvres créées dans la cathédrale Saint-Paul, son splendide agencement de la lumière et de l'ombre, la finesse de sa gravure. »
A l'occasion du 330e anniversaire de la mort de Vaclav Hollar, en mars dernier, une exposition de ses eaux-fortes a été présentée dans la bibliothèque Guildhall et une messe a été célébrée à l'église Sainte-Margueritte à Londres, où Vaclav Hollar avait été inhumé. Le cinéaste et documentariste Jan Kaplan admire chez Hollar une certaine particularité du regard :
« Il y a une chose qui m'intéresse chez Hollar. C'était un étranger, un Tchèque. Et moi aussi je suis un Tchèque vivant en Angleterre depuis une quarantaine d'années. Je vois dans son approche le regard d'un étranger. Cela veut dire qu'il jetait sur Londres un regard différent de celui des artistes anglais de son temps. Ses vues de Londres sont belles, détaillées et empreintes d'une sorte de curiosité d'un homme qui n'était pas originaire d'ici et est arrivé comme un artiste étranger. »
La patrie tchèque de Vaclav Hollar, elle aussi, a préparé une série de manifestations pour fêter le 400e anniversaire de son célèbre fils. Un hommage lui sera rendu notamment en septembre lorsque s'ouvrira, au palais Clam-Gallas à Prague, une exposition réunissant une centaine de ses eaux-fortes et les confrontant à des oeuvres contemporaines de maîtres d'art graphique tchèque.