Vaclav Klaus : « Interdisez la marche des néonazis. »

Pour le 10 novembre prochain, les néonazis tchèques préparent un défilé dans les rues de Prague. A l'occasion du 69e anniversaire de la fameuse « Nuit de Cristal » en Allemagne, ils envisagent de traverser le centre historique de la ville et notamment le quartier de l'ancien ghetto. Cette évidente provocation met en colère la communauté juive et embarrasse la justice tchèque.

Le défilé est préparé par Erik Sedlacek, un jeune homme de 26 ans, qui est, d'après les experts, un des chefs de la plus grande organisation néonazie tchèque Narodni odpor (Résistance nationale). Cette fois-ci, il agit cependant au nom de l'association civique Mladi narodni demokrate (Les Jeunes démocrates nationaux). Bien que la municipalité de Prague ait déjà interdit cette manifestation, le Tribunal municipal a invalidé, à deux reprises, cette décision. Cela ne veut pas dire cependant que rien ne s'oppose plus à l'action des néonazis. Le vice-président du Tribunal municipal de Prague Jan Ryba résume les facteurs qui peuvent intervenir dans l'évolution de cette affaire :

« Comme le tribunal a renvoyé l'affaire afin qu'une nouvelle procédure soit ouverte, la municipalité peut, elle aussi, prendre une nouvelle décision. Si elle découvre une faute de procédure, elle prendra donc soit une nouvelle décision, ou bien elle peut se pourvoir 'en cassation', ce qui est un moyen correctif et il est dans les compétences du Tribunal administratif suprême d'en décider. »

Selon du Tribunal municipal, les employés de l'Hôtel de ville auraient commis des vices de procédure. La municipalité a donc décidé de réagir et l'a fait savoir par la bouche de son porte-parole Jiri Wolf :

« Nous allons sûrement nous pourvoir 'en cassation' contre cette décision auprès du Tribunal administratif suprême et ensuite nous nous pencherons sur d'autres mesures à prendre. »

Synagogue Vieille-Nouvelle,  photo: Štěpánka Budková
D'après Jiri Wolf la manifestation préparée pour le 10 novembre présente des signes évidents d'extrémisme et remplit donc les conditions nécessaires pour qu'elle soit interdite. Parmi les personnalités qui l'ont déjà condamnée publiquement il y a également le président de la République Vaclav Klaus. Dans une déclaration citée par la presse, le Président appelle tous les organes compétents à ne pas permettre une telle manifestation qu'il juge politiquement et moralement inadmissible. Une telle action, je cite, « est une profanation de la mémoire des victimes de crimes nazis et ne doit pas être tolérée sous prétexte de la liberté d'expression et de rassemblement. »

La communauté juive de Prague n'entend pas rester passive face à une telle provocation. Elle prépare pour le 10 novembre un rassemblement devant la plus ancienne des synagogues de Prague, où doit passer le défilé et il n'est pas exclu que certaines organisations juives s'attaquent aux néonazis. La police de Prague n'est pas sortie de sa réserve et attend l'issue de l'affaire. Selon son porte-parole Ladislav Bernasek, il n'est pas sûr pour le moment que le défilé ait lieu.