Vaclav Klaus n'apprécie pas le rôle des anciens opposants au régime

Commémoration du 17 novembre 1989 - le président Vaclav Klaus, photo: CTK

« Privée de liberté, la masse de « gens ordinaires » a réagi par la résignation, l'inefficacité, des activités individuelles de compensation... par une vie passive dans les coulisses d'une propagande à laquelle plus personne ne croyait ». C'est ce que l'on peut lire dans un article écrit par le président Vaclav Klaus et paru dans le quotidien Mlada fronta Dnes, samedi, à la veille du 14e anniversaire de la révolution de Velours. Si le président tchèque prend le parti de ceux qui avaient abandonné toute idée d'opposition et qui ont pourtant permis, selon lui, la création des conditions à la chute du régime totalitaire, il n'a pas, en revanche, de mots tendres à l'adresse des « élites intellectuelles ». Celles-ci seraient, et auraient toujours été, irrésistiblement orientées à gauche et seraient donc co-responsables de l'instauration et du maintien du précédent régime. Le regard de Vaclav Klaus porté sur les quarante années du régime communiste n'a pas été très bien accueilli dans les milieux des ex-opposants au régime.

Commémoration du 17 novembre 1989 - le président Vaclav Klaus,  photo: CTK
Dans « Lidove noviny », Petr Pithart, ex-dissident et aujourd'hui président du Sénat, écrit : « Un tel discours populiste ne nous permettra jamais de receler le « sens du 17 novembre »... Pourquoi ne pas dire que, pour le démantèlement du régime, il a fallu aussi du courage. Une qualité qui est innée à tout un chacun... Si les étudiants n'avaient pas eu le courage d'affronter, lors de leur manifestation, les forces de la police, on en serait peut-être encore aujourd'hui à attendre qu'il se passe quelque chose ».

Dans les pages du journal Mlada fronta Dnes de ce mardi, Jan Ruml, ex-dissident, lui aussi, et ex-ministre de l'Intérieur, écrit que c'est justement la majorité passive, bref ceux qui se taisent, qui sont un pilier solide de tous les régimes totalitaires. Et il ajoute :

« Les dissidents, en effet, ne sont pas à l'origine de la chute du régime, la situation internationale y jouant un rôle clé....Mais ils ont inspiré tous ceux qui, à la fin des années quatre-vingts, ont commencé à s'engager dans des initiatives civiques, politiques et écologiques et qui, finalement, sont sortis dans la rue... Pourquoi le président Klaus détourne les choses ?», demande Jan Ruml, et de répondre : « Il espère devenir populaire auprès de ceux qui, passifs à leur tour, se taisaient à l'époque ».

L'ex-dissident Jiri Hanak est journaliste. Dans sa réaction pour le quotidien Pravo, il ne mâche pas ses mots :

« En glorifiant les cossards, les bricoleurs, tous ceux qui aimaient plus que tout leurs petites maisons de campagne, et en omettant le rôle de ceux qui ont dit « Non » au diable, ainsi que le rôle des personnes honnêtes et laborieuses au profit des « gens ordinaires », nous devons nous poser la question de savoir de qui Vaclav Klaus est-il, en fait, le président ? »

Voilà donc trois réactions négatives à un récent article du président Vaclav Klaus, d'autres - pour ou contre - vont certainement suivre. La polémique sur le sujet, quelques jours après l'anniversaire de la révolution de Velours, s'annonce chaude.