Vaclav Klaus, président de la République Tchéque

Vaclav Klaus, président de la République Tchéque, photo: CTK

Depuis le 3 février 2003, la République tchèque n'avait pas de chef de l'Etat. Vaclav Havel a quitté le bureau présidentiel du Château de Prague, près de treize années après sa première élection au poste de chef de l'Etat. En 1990, il était le Président de la Tchécoslovaquie encore, il a été réélu encore deux fois, selon la Constitution, chef de l'Etat tchèque. Ce sont les députés et les sénateurs qui élissent le Président, en République tchèque. Ils ont tenté de le faire deux fois déjà : le 15 et le 24 janvier... Sans succès. Ce vendredi 28 février, les sénateurs et les députés se sont donc réunis pour la troisième fois, à la Salle espagnole du Château de Prague.

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Comme les fois précédentes, le président de la Chambre des députés, Lubomir Zaoralek, a ouvert la séance sollennelle. Le vote à scrutin secret a été adopté, comme lors des deux premières élections. Rappelons, brièvement le système des présidentielles : à chaque élection, il y a trois tours. Au premier tour, vainqueur le candidat qui reçoit la majorité absolue des voix du total des sénateurs et des députés. Si aucun candidat n'atteint cette majorité, passe au second tour, le ou les deux candidats qui ont reccueilli le plus grand nombre de voix dans les deux chambres du Parlement. Cela veut dire que le deuxième tour ne peut comporter qu'un seul candidat, dans le cas ou il a reçu la majorité des voix dans les deux chambres, ou deux candidats quand un candidat a la majorité des voix au Sénat et l'autre à la Chambre. Le vainqueur du second tour est celui qui remporte la majorité des voix des sénateurs présents et la majorité des voix des députés présents. Sans vainqueur, on passe au troisième tour. Là, le candidat qui remporte la majorité du total des voix des sénateurs et députés présents est élu. Si aucun candidat n'était élu, une quatrième élection, éventuellement d'autres auraient lieu, à moins d'amender la Constitution et changer le mode de scrutin des présidentielles.

Jan Sokol,  photo: CTK
Vendredi 28 février, deux candidats étaient en lice pour la troisième élection présidentielle : L'ancien ministre de l'Education, Jan Sokol, candidat de la coalition gouvernementale (sociaux-démocrates, chrétiens-démocrates et unioniste) et de certains sénateurs indépendants, et Vaclav Klaus, ancien Premier ministre et président d'honneur du Parti civique démocrate, candidat de ce parti. Rappelons que ce dernier, lors de la seconde présidentielle, le 24 janvier, n'était qu'à 14 voix de la victoire, au troisième tour. Avant le vote, les deux candidats ont pu se présenter. Le premier à la tribune a été Jan Sokol.

Jan Sokol, 66 ans, doyen de la Faculté des sciences humaines de l'Université Charles, a déclaré que pour lui être candidat à la fonction de chef de l'Etat était un honneur. Il s'est bien démarqué de son adversaire en déclarant que la période des années quatre-vingt-dix, celle des personnalités qui ont fondé le nouvel Etat tchèque, donc aussi Vaclav Klaus, était terminée. Il a aussi présenté sa vision de la fonction présidentielle : ne pas influencer les résultats des législatives, laisser les décisions courantes au gouvernement, ne pas abuser du droit de grâce. Vaclav Klaus, second à la tribune, était très détendu, c'était pour la troisième fois qu'il se présentait.

Vaclav Klaus,  photo: CTK
Monsieur « Le professeur », comme on le surnomme souvent, a commencé son allocution en déclarant se sentir comme dans un conte de fée, où le prince se voit confronté à des tâches de plus en plus difficiles. Reprenant tout son sérieux, il a exposé les idéaux qui l'animaient, aussi bien dans le domaine des droits de l'homme que dans celui de la responsabilité civique des Tchèques. A la veille de l'entrée de la Tchéquie à l'Union européenne, il faut défendre les intérêts véritables du pays et non pas se chamailler pour des subventions et d'autres moyens financiers.

Après les allocutions des deux candidats, d'autres orateurs sont montés à la tribune de la Salle espagnole du Château de Prague. Les uns ont soutenus Jan Sokol, les autres Vaclav Klaus. A noter un soutien très peu caché du président des communistes, Miroslav Grebenicek au conservateur Vaclav Klaus.

Les voix communistes ont été considérées comme celles qui ont fait pencher la balance au profit de Vaclav Klaus. Omar Mounir a invité au micro le député communiste Miroslav Ransdorf:

Resumé de l'entretien: C'était un vote protestataire contre Jan Sokol, mais ce n'était pas le vote positif pour Vaclav Klaus. La 3e élection est un échec de la coalition gouvernementale de présenter un candidat qui est capable de devenir le président du pays. D'après notre expérience de la position politique de Jan Sokol, il pourrait représenter une menace de la sécurité pour notre pays, c'est un homme politique qui n'est pas capable d'assumer la fonction de président de la République.

Vaclav Klaus,  président de la République Tchéque,  photo: CTK
Peu après midi, les sénateurs et les députés se sont rendus aux urnes pour le premier tour. Après le déjeuner, à quatorze heures, on était fixé : pas de vainqueur au premier tour, 115 députés sur 200 avaient voté pour Vaclav Klaus, mais 47 sénateurs avaient donné leurs voix à Jan Sokol. Il y avait donc un second tour. Pas de vainqueur non plus avec un score majoritaire de 109 voix à la Chambre pour Vaclav Klaus et la majorité au Sénat pour Jan Sokol, avec 46 voix, au second tour. Troisième tour donc, où les jeux étaient différents : le vainqueur était celui qui remportait la majorité aux deux chambres, toutes voix confondues. Résultat peu avant 18.00. Le vainqueur était Vaclav Klaus. La République tchèque avait un nouveau président de la République.