Vaclav Klaus, président de la République Tchéque
Depuis le 3 février 2003, la République tchèque n'avait pas de chef de l'Etat. Vaclav Havel a quitté le bureau présidentiel du Château de Prague, près de treize années après sa première élection au poste de chef de l'Etat. En 1990, il était le Président de la Tchécoslovaquie encore, il a été réélu encore deux fois, selon la Constitution, chef de l'Etat tchèque. Ce sont les députés et les sénateurs qui élissent le Président, en République tchèque. Ils ont tenté de le faire deux fois déjà : le 15 et le 24 janvier... Sans succès. Ce vendredi 28 février, les sénateurs et les députés se sont donc réunis pour la troisième fois, à la Salle espagnole du Château de Prague.
Jan Sokol, 66 ans, doyen de la Faculté des sciences humaines de l'Université Charles, a déclaré que pour lui être candidat à la fonction de chef de l'Etat était un honneur. Il s'est bien démarqué de son adversaire en déclarant que la période des années quatre-vingt-dix, celle des personnalités qui ont fondé le nouvel Etat tchèque, donc aussi Vaclav Klaus, était terminée. Il a aussi présenté sa vision de la fonction présidentielle : ne pas influencer les résultats des législatives, laisser les décisions courantes au gouvernement, ne pas abuser du droit de grâce. Vaclav Klaus, second à la tribune, était très détendu, c'était pour la troisième fois qu'il se présentait.
Monsieur « Le professeur », comme on le surnomme souvent, a commencé son allocution en déclarant se sentir comme dans un conte de fée, où le prince se voit confronté à des tâches de plus en plus difficiles. Reprenant tout son sérieux, il a exposé les idéaux qui l'animaient, aussi bien dans le domaine des droits de l'homme que dans celui de la responsabilité civique des Tchèques. A la veille de l'entrée de la Tchéquie à l'Union européenne, il faut défendre les intérêts véritables du pays et non pas se chamailler pour des subventions et d'autres moyens financiers.Après les allocutions des deux candidats, d'autres orateurs sont montés à la tribune de la Salle espagnole du Château de Prague. Les uns ont soutenus Jan Sokol, les autres Vaclav Klaus. A noter un soutien très peu caché du président des communistes, Miroslav Grebenicek au conservateur Vaclav Klaus.
Les voix communistes ont été considérées comme celles qui ont fait pencher la balance au profit de Vaclav Klaus. Omar Mounir a invité au micro le député communiste Miroslav Ransdorf:
Resumé de l'entretien: C'était un vote protestataire contre Jan Sokol, mais ce n'était pas le vote positif pour Vaclav Klaus. La 3e élection est un échec de la coalition gouvernementale de présenter un candidat qui est capable de devenir le président du pays. D'après notre expérience de la position politique de Jan Sokol, il pourrait représenter une menace de la sécurité pour notre pays, c'est un homme politique qui n'est pas capable d'assumer la fonction de président de la République.
Peu après midi, les sénateurs et les députés se sont rendus aux urnes pour le premier tour. Après le déjeuner, à quatorze heures, on était fixé : pas de vainqueur au premier tour, 115 députés sur 200 avaient voté pour Vaclav Klaus, mais 47 sénateurs avaient donné leurs voix à Jan Sokol. Il y avait donc un second tour. Pas de vainqueur non plus avec un score majoritaire de 109 voix à la Chambre pour Vaclav Klaus et la majorité au Sénat pour Jan Sokol, avec 46 voix, au second tour. Troisième tour donc, où les jeux étaient différents : le vainqueur était celui qui remportait la majorité aux deux chambres, toutes voix confondues. Résultat peu avant 18.00. Le vainqueur était Vaclav Klaus. La République tchèque avait un nouveau président de la République.