Václav Klaus reproche à Nicolas Sarkozy des mesures « qui contribuent fortement à la fin du capitalisme »

Nicolas Sarkozy, photo: CTK

Le président tchèque Václav Klaus a qualifié de « vieux socialisme » les propositions faites par le chef de l'Etat français Nicolas Sarkozy pour une refonte globale du système financier international. A deux mois du passage de relais entre la France et la République tchèque à la présidence de l’UE, il est clair que les chefs d’Etat des deux pays ne sont pas sur la même longueur d’ondes.

Václav Klaus,  photo: CTK
« La tentative d’empêcher les crises occasionnelles, les baisses de la croissance économique ou les récessions, cela a déja eu lieu ici. Ça s’appelait le communisme » : dès l’introduction, le président tchèque, réputé pour son ultralibéralisme et son euroscepticisme, annonce la couleur.

Le chef de l'Etat français, qui préside l'Union européenne, avait auparavant appelé à Bruxelles à fonder un nouveau capitalisme sur des valeurs qui mettent la finance au service des entreprises et des citoyens.

Nicolas Sarkozy,  photo: CTK
« (...) Le président français devrait savoir que ses propositions contribuent fortement à la fin du capitalisme. Ces propositions ne conduisent pas à un ‘nouveau capitalisme’, comme il l'a dit jeudi dernier à Bruxelles, c'est au contraire un retour à un ‘vieux socialisme’ », écrit le président Klaus en conclusion de sa tribune publiée mercredi par le quotidien généraliste le plus lu du pays, Mladá Fronta Dnes. Tribune dans laquelle il prévient « ceux qui n’ont pas connu le communisme de ne pas tomber dans les mêmes illusions et de ne pas commettre les mêmes erreurs fatales que nos ancêtres il y a plusieus dizaines d’années ».

Les critiques formulées par Václav Klaus ont été beaucoup reprises dans la presse française, dans laquelle il avait déjà été noté que la République tchèque était le seul pays à avoir émis des réserves sur le plan européen de soutien aux banques qui a été adopté au dernier sommet de Bruxelles.

Et dans la presse européenne en général, on commence à parler d’une "extension" de la présidence française au détriment de la présidence tchèque. Dans le Kurier autrichien notamment, on peut lire que les voix en faveur d’une telle solution sont de plus en plus nombreuses. Nicolas Sarkozy veut profiter de la crise financière pour imposer sa vision économique de l'Europe et continuer à présider l'Union européenne, en tout cas au niveau de la zone euro, au moins pour une année supplémentaire.

Le président français a amorcé mardi cette offensive au Parlement européen. Elle a été confirmée au quotidien Le Monde par plusieurs conseillers de l'Elysée. Une présidence tchèque amputée ? Qu’elle soit entière ou seulement symbolique, Václav Klaus l’a déjà dit : hors de question de hisser le drapeau européen sur le Château de Prague.