Václav Malý, un homme engagé avant et après 1989

Václav Malý

En République tchèque, pays majoritairement athée, l’évêque Václav Malý est une personnalité connue et respectée. Ancien dissident, signataire et porte-parole de la Charte 77, il reste surtout, pour ses compatriotes, une des figures de proue de l’opposition anti-communiste, un symbole vivant de la révolution de velours, dont il a animé les grandes manifestations au centre de Prague. Mardi 21 septembre, Václav Malý a fêté son 60ème anniversaire.

Václav Malý
En novembre 1989, lorsqu’il anime les rassemblements massifs des Tchèques révoltés contre les communistes et cofonde le Forum civique, Václav Malý a 49 ans et, derrière lui, une décennie jalonnée de combats pour les droits de l’homme.

Après des études de théologie à Litoměřice, au nord du pays, Václav Malý est ordonné prêtre catholique en juin 1976 à Prague. Il passe alors deux années en tant que vicaire dans les paroisses de Plzeň et de Vlašim. Suite à sa signature de la Charte 77, une pétition des opposants au régime communiste, ce dernier lui interdit d’exercer la prêtrise. Dans une récente interview pour l’hebdomadaire catholique Katolický týdeník, Václav Malý a expliqué pourquoi il avait rejoint le mouvement dissident :

« Je ne pouvais pas accepter de prêcher, dans une église à Plzeň, sur la sincérité devant Dieu et, en même temps, ne pas m’exprimer sur la réalité en public. Cette situation était insupportable. De ce point de vue, la signature de la Charte a été pour moi comme une libération. »

Emprisonné pendant sept mois, à la fin des années 1970, Václav Malý travaille jusqu’à la révolution de velours comme ouvrier tout en exerçant, clandestinement, la prêtrise. Consacré évêque en 1997, Václav Malý continue à s’engager en faveur des droits de l’homme : il soutient notamment les dissidents cubains, tchétchènes et biélorusses, ainsi que leurs familles, et dans son pays, il s’intéresse aux personnes en marge de la société. « J’ai parlé avec des prostituées, je suis allé dans le milieu homosexuel », a-t-il dit à la presse, « non pas pour attirer l’attention sur moi-même, mais pour montrer que la place de l’Eglise est aussi là-bas. » Les positions de l’évêque n’ont pas toujours des échos positifs : au printemps dernier, sa lettre incitant les Tchèques à soutenir des petits partis aux élections législatives a soulevé des réactions houleuses sur la scène politique…

Presque chaque mois, Václav Malý est invité au micro de la radio publique, pour commenter l’actualité politique, culturelle, religieuse, tchèque et internationale. Dernièrement, il a évoqué, dans cette émission, la fête de la Saint-Venceslas que nous célébrerons le 28 septembre prochain :

« Saint Venceslas qui a vécu au Xe siècle symbolise l’érudition et le savoir. Un homme cultivé, très doué pour son époque. En même temps, il avait entre ses mains un grand pouvoir, mais pour lui, ce pouvoir n’était pas un moyen de confirmer sa place privilégiée et son autorité, mais une valeur qui lui était confiée. C’est toujours d’actualité. Les hommes politiques qui ont notre confiance ne devraient pas prendre leur carrière politique comme un moyen de se faire valoir ou d’avoir une vie confortable. »